En regardant défiler la succession de scènes inconséquentes qui jalonnent A Good Year, on ne peut s'empêcher de penser que Ridley Scott et Russell Crowe se sont finalement offert une jolie récréation sous le ciel de la Provence. Un peu comme s'ils avaient laissé de côté leurs grandes ambitions cinématographiques habituelles.

Les deux hommes, qui s'étaient rencontrés une première fois sur le plateau de Gladiator, ne pourraient avoir choisi une aventure plus différente, épousant cette fois la douce indolence d'une comédie légère placée sous les auspices du bon vin. Il n'est toutefois pas dit que le spectateur y gagne au change. L'idée de A Good Year a d'ailleurs germé dans l'idée du cinéaste en tenant compte de sa propre expérience de résidant à temps partiel du sud de la France.

À vrai dire, c'est en dînant un soir avec Peter Mayle, un auteur britannique qui vit aujourd'hui en permanence dans le Lubéron, que Scott a soumis à son ami l'idée d'ébaucher la première esquisse de ce qui allait devenir plus tard un roman. Dont le cinéaste assurerait bien entendu ensuite l'adaptation au grand écran.

A Good Year ne sera certainement pas à marquer d'une pierre blanche dans la filmographie du réalisateur de Blade Runner. De son côté, Crowe semble s'ennuyer dans la peau de cet investisseur londonien qui découvre les charmes d'un autre mode de vie en héritant d'un vignoble provençal appartenant à un vieil oncle (Albert Finney).

Les personnages «locaux» relèvent par ailleurs plus ici du cliché (Didier Bourdon incarne le paysan bougon; Marion Cotillard la belle fille du village) et s'insèrent dans une vison anglo-saxonne de«l'exception culturelle» française.

Au bout du compte, l'ensemble paraîtra étonnamment pâle. Mais deux heures sous le soleil de la Provence ne peuvent quand même pas être totalement perdues, même si le cru qu'on nous offre a plutôt le goût de la piquette...

* *

A GOOD YEAR (V.F.: UN BON CRU), comédie dramatique réalisée par Ridley Scott. Avec Russell Crowe, Marion Cotillard, Didier Bourdon, Albert Finney.

Héritant du vignoble d'un vieil oncle en Provence, un financier londonien découvre un nouveau mode de vie.

Malgré la Provence, une comédie étonnamment pâle.