Y a pas d'âge pour vivre sa passion et rêver sa vie. Après la soixantaine, l'horizon de la galerie de personnages de Serge Giguère ne se limite pas au canapé, à la télé, ou au mouroir. On trouve dans À force de rêves une religieuse chanteuse lyrique, un antiquaire, une peintre. Tous milieux, tous genres, et toutes passions confondues.

Pendant trois années, le documentariste Serge Giguère (Le roi du drum, 9, rue Saint-Agustin) a suivi et dévoilé des personnalités attachantes, sincères, mais surtout profondément humaines. Qu'il s'agisse de couper le bois, de faire voler des avions miniatures ou de peindre, ces «petits vieux» vivent chaque jour comme s'il était - ou presque - le dernier.

Dans la veine de ses précédents documentaires, Serge Giguère ne présente pas ses personnages comme des objets sociologiques, mais plutôt comme les sujets d'une vie qu'ils se sont, tant bien que mal, choisi.

Si le film fait chaud au coeur, c'est parce que, quelle que soit la beauté et le bonheur contenus dans son propos, le cinéaste - et ses personnages - se dévoilent avec sincérité. Alors oui, la mort est présente, et non, les vies n'ont pas toujours été de longs fleuves tranquilles.

Loin de travestir la réalité du vieillissement (la fatigue, la maladie, la mort qui frappe ça et là), Serge Giguère montre des hommes, des femmes, témoins d'autres temps, d'autres moeurs, témoins aussi d'un monde en train de disparaître.

L'un des plus beaux moments du film est certainement celui où Reine Décarie, la religieuse âgée de 91 ans, se voit contrainte, avec les autres soeurs, de quitter le couvent dans lequel elle a passé la majorité de sa vie pour de nouveaux appartements, modernes, froids, et tellement déprimants.

Ce documentaire ne propose pas de façon idéale de vieillir ou de vivre sa vieillesse. Mais ces fragments de vie qu'il donne à voir témoignent d'un regard sensible, respectueux, et humain.

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À FORCE DE RÊVES. Documentaire de Serge Giguère.

Ils ont entre 74 et 91 ans, et plutôt que d'attendre la mort, profitent pleinement de leur vieillesse pour se livrer à ce qui les passionne.

Le documentariste Serge Giguère nous réconcilie avec la vieillesse et le vieillissement. Un regard touchant, empreint d'une profonde humanité.