Pas de projection de presse, une avant-première reportée au plus tard possible, soit jeudi 22h, forçant le critique à torcher son papier dans l'urgence sur un coin de table, ou à ne rien torcher du tout, heure de tombée oblige. Ç'est de mauvais augure, mais on a l'habitude.

The Grudge 2, donc. Suite du remake américain de Ju-on, encore produit par Sam Raimi et réalisé par Takashi Shimizu, lui-même créateur des films japonais originaux. On y retrouve nos petits fantômes aux grands yeux et à la voix gutturale (une sorte de rot d'outre-tombe), et on y retrouve aussi les fameuses «touffes de cheveux hantés» lesquelles surgissent ici et là pour annoncer une mort à venir.

Comme les refontes américaines des The Ring, autre série nippone, les The Grudge sont des films de trouille, des thrillers fantastiques «sérieux» avec des personnages plats qui passent leur temps à fouiller des garde-robes ou à se perdre dans des couloirs déserts, comme par exprès, toujours pour y croiser, on s'y attend, de vaporeuses créatures venues des recoins de l'enfer ou du purgatoire, enfin de l'entre-deux-mondes, pour accomplir leur vendetta. Il s'est fait d'excellents films d'épouvante à partir de schémas encore plus rudimentaires.

Mais en mettant bout à bout les meilleurs moments de cet inepte et prétentieux Grudge 2, on obtient au plus une dizaine de minutes de pure terreur, le reste n'étant que «mise en situation», c'est-à-dire remplissage: les personnages, pour lesquels on n'a aucune empathie, errent dans les couloirs obscurs, visitent un vieil immeuble possédé par les forces diaboliques, ouvrent avec mille précautions des portes interdites (qui font beaucoup de bruit) et papotent à propos de vagues légendes, d'esprits revanchards et de solutions pour s'en débarrasser. Soyons francs, c'est long, lent et chiant.

Shimizu connaît l'art du frisson et ne manque pas de style (par curiosité, voyez les Ju-on authentiques et sous-titrés). Mais ce style, américanisé pour le vaste public occidental, perd tout son inquiétant exotisme et ne ressemble plus qu'à de la technique, qu'à une démonstration de savoir-faire. The Grudge 2 n'est plus un film mais un devoir, un pensum, et bourré de fautes. En gros, c'est plate et c'est pas bon (Sarah Michelle Gellar se fait tuer très vite, si ça peut vous rassurer).

* 1/2

The Grudge 2 (V.F.: RAGE MEURTRIÈRE 2)

Film d'horreur de Takashi Shimizu. Avec Amber Tamblyn, Jennifer Beals, Sarah Michelle Gellar.

Les fantômes qui rotent sont de retour.

Presque une parodie