Côté lumière, il y a la Kabylie. La beauté éclatante des paysages Algériens. Celle de ses filles, jeunes femmes ou vieillardes, une étincelle dans les yeux que la dureté de la vie n'a pas su éteindre.

Côté ombre, il y a la maison, dans laquelle les femmes sont consignées dès la puberté. Il y le poids étouffant de la tradition. Et la persistance à placer l'honneur, la réputation encore au-dessus de la vertu, bien loin de la liberté.

Nadia Zouaoui renoue avec son village natal, sa famille et ses amies le fil d'une histoire interrompue par un mariage forcé. À 19 ans, un homme la choisit sur photo. La jeune fille, rêvant de liberté, sort de ses quatre murs algériens pour trouver quatre murs canadiens, avec un mari qu'elle ne connaît pas et dont elle finira par divorcer.

Parce qu'elle sait les mettre en confiance, Nadia Zouaoui arrive, en douceur, à faire transparaître ou exploser la violence que les femmes, soumises à l'autorité d'un père, d'un fils, d'un frère, d'un mari ou de n'importe quel homme, ressentent. Des vies gâchées par des traditions culturelles et religieuses maintenues hors de toute évolution sociale.

Nadia Zouaoui va chez des femmes et recueille leurs confidences. Dans la rue, dans les préparatifs d'un mariage, c'est aux hommes qu'elle s'adresse. Aux plus vieux comme aux plus jeunes, prêts à parfois à perpétuer la tradition. Son récit alterne avec une voix personnelle avec les souvenirs, la souffrance claustrophobe de la réalisatrice.

Ce premier documentaire met un soin évident dans l'image, le cadrage et le montage. La réalisatrice amène le spectateur à la rencontre d'un univers bien clos. Malheureusement, les témoignages n'apprennent que trop peu sur la trop lente évolution des moeurs en Kabylie.

On regrette que la réalisatrice, à vouloir montrer son village sans forcer sur le contexte social, culturel, religieux et politique de la Kabylie et de l'Algérie, laisse le spectateur sur sa faim.

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* * 1/2

Le Voyage de Nadia, documentaire de Nadia Zouaoui et Carmen Garcia.

Immigrée au Québec depuis 1989, la réalisatrice retourne pour la première fois en Kabylie, où elle a passé son enfance.

Un documentaire qui conjugue révolte et pudeur. Une voix personnelle, qui laisse sur sa faim.