Voici un cas patent de très mauvais marketing: Man of the Year est vendu partout comme une grosse farce délirante célébrant le retour de ce bon vieux Robin Williams en mode cabotin, le Robin Williams loquace et clownesque de Good Morning, Vietnam, par opposition à celui, intense et pénétré, de The Final Cut ou The Night Listener. Or, Man of the Year n'est pas ce feu roulant de gags annoncé. Il s'agirait plutôt, doit-on comprendre, d'une sorte de double satire des médias et du monde politique américains.

Vous connaissez peut-être déjà le topo: Tom Dodds (Robin Williams) est l'animateur de talk-show le plus populaire aux États-Unis. À la blague, l'humoriste propose sa candidature aux élections présidentielles. Contre toute attente, il l'emporte haut la main, laissant ses adversaires républicains et démocrates totalement ébahis. On apprendra plus tard que cette victoire est due à une erreur de comptage des votes. Le nouveau président fera alors face à un choix difficile: étouffer l'affaire et garder le poste ou rendre son trône à qui de droit...

Très inconfortablement assis entre deux chaises, celle de l'humour et celle du propos, Man of the Year ne satisfait personne, ni le consommateur venu pour le simple divertissement, ni le cinéphile attiré par un vague fumet de subversion. Auteur du scénario, le réalisateur à tout faire Barry Levinson, qui passe allégrement du conte pour tous (Toys) au pamphlet déguisé (Wag the Dog), semble y aller lui-même à tâtons.

Reposant sur des poutres pourtant solides (les prémisses du films sont excitantes), l'édifice Man of the Year se détériore lentement sous nos yeux étage par étage, nous laissant sur l'impression d'un long effondrement...

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Man of the Year (V.F.: L'homme de l'année), comédie dramatique de Barry Levinson. Avec Robin Williams, Christopher Walken et Laura Linney.

Un animateur de talk-show propose sa candidature aux élections présidentielles américaines... Et gagne!

Un petit gâchis à partir d'une grande idée