Big Bang, monothéisme, agnosticisme, créationnisme, darwinisme, éloge de la raison, croisades et impérialisme, religion, arts et sciences. Après les grandes bibliothèques (Save and Burn), le réalisateur montréalais Julian Samuel aborde pêle-mêle ces sujets dans son dernier documentaire, Atheism.

L'auteur du Clash des fondamentalismes Tariq Ali, le journaliste spécialiste du Moyen-Orient Fadi Hammoud, l'astrophysicien Jean-Claude Pecker, l'évêque de Newark John Shelby Spong, répondent, entre autres, aux questions (méta)-physiques du réalisateur. Indigeste? Oui, sur le fond, d'une superficialité époustouflante, comme sur la forme, d'une prétention incroyable. Tel un adolescent dissertant la spiritualité au troquet du coin, Julian Samuel amène ses interviewés à ouvrir des portes pourtant ouvertes avant lui.

Rien de neuf dans les exposés oraux de M. Pecker sur le Big Bang comme version scientifique du fiat lux de la Bible ou les développements de Noomane Raboudi sur les «croisades» modernes de l'ami W en Irak comme résurgence des croisades chrétiennes du Moyen-Âge.

Ne comptons pas sur les effets visuels pour sauver le film. Pour ne pas sombrer pendant Atheism, il faut passer outre les essais prétendument artistiques et supposément choquants du réalisateur. Et pourtant... faire d'une séance de «Bible painting» un générique est pompeux plus que subversif. Quant au visage du pape Pie XII auréolé de capotes, l'idée pourrait être intéressante si elle était sous-tendue ou justifiée par le propos, ce qui est loin d'être le cas.

Que le réalisateur joue avec la fonction zoom d'une caméra n'a rien de très trippant pour le spectateur. Pas plus que les effets de type «flou sur les gros plan, mise au point à l'arrière», procédé qui évoque plus la maladresse des films de famille qu'une démarche cinématographique, documentaire ou fictionnelle.

On ne sait trop si le réalisateur oublie volontairement de mentionner qui sont ses intervenants quand ils apparaissent pour la première fois dans le film ou si cela procède là encore d'une démarche (mais dans quel but, si ce n'est de semer son spectateur...).

Ce qui rend ce film méprisable n'est pas tant que l'on n'y apprend rien de neuf, mais plutôt la façon dont ce rien de neuf est emballé: c'est pédagogiquement nul et cinématographiquement pédant. Tant mieux si le réalisateur s'est amusé, car nous, on s'est plutôt mortellement emmerdés.


_________________________________________________

* 1/2

Atheism, documentaire de Julian Samuel.

Quelle place occupe Dieu dans le monde, la philosophie, la politique? L'athéisme est-il une religion?

Un documentaire prétentieux et vain. On est loin de la révolution copernicienne.