Nihilisme, mépris pour la condition humaine, supérettes de quartier et branlettes de fonctionnaires peuplent l'imaginaire de l'un des auteurs contemporains les moins politiquement corrects, Michel Houellebecq.

L'adaptation d'un Houellebecq au grand écran a de quoi stimuler le spectateur, qu'il soit lecteur ou non. On pense à la première adaptation d'un Houellebecq (Extension du domaine de la lutte, de Philippe Harel, avec José Garcia), et on s'attend à un bouleversement sinon aussi puissant que celui provoqué par les mots que Houellebecq, au moins ressemblant.

Bruno (Moritz Bleibtreu) est professeur dans un lycée. L'homme a du mal à contenir son attirance sexuelle pour les jeunes filles en fleur qui peuplent, en mini-jupe, sa classe. Quand l'une d'elle repousse ses avances, il s'effondre, et va trouver refuge dans les urgences psychiatriques.

Son demi-frère Michael (Christian Ulmen) recherche peu le contact humain. Le mathématicien génial est passionné par des recherches démontrant la possibilité d'une reproduction humaine sans sexe.

La vie des deux hommes, prisonniers de leurs désirs, va basculer lorsqu'ils auront la chance de partager leur amour avec une femme. Michael, avec Annabelle. Et Bruno, avec Christiane (Martina Gedek), une brune intelligente et partouzeuse rencontrée dans un camping naturiste.

Oskar Roehler fait preuve d'un humour cynique fidèle à Houellebecq, particulièrement dans les scènes tournées dans le camping naturiste et hippie, où des séminaires tels que «Dance your job» sont organisés.

Pour le reste, le cinéaste se borne à montrer les destins individuels des deux frères, en évacuant toute la critique sociale contenue dans le roman.

Sur un plan strictement cinématographique, la mélodramatisation du film est accentuée par une direction photo trop colorée et certaines scènes ressemblent plus à de la comédie de situation.

Bref, se produit ce qui trop souvent arrive dans une adaptation d'un livre: à trop polir le scénario, on perd en force et en originalité ce que l'on gagne en consensus. Un défaut que n'atténue pas les jeux très convaincants de Moritz Bleibtreu et Christian Ulmen.
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* *1/2

LES PARTICULES (...), Drame d'Oskar Roehler. Avec Moritz Bleibtreu, Christian Ulmen, Franka Potente.

La vie sexuelle et affective pathétique et pathologique de deux frères, Bruno et Michael.

L'adaptation du célèbre roman de Michel Houellebecq déçoit.