Pour des raisons qui, on l'avoue humblement, nous dépassent et de très loin, cet américain Little Children a été très favorablement reçu par la critique, qui a vu là une oeuvre audacieuse, supérieurement intelligente, et le signe de la maturation d'un nouvel auteur véritable, Todd Field, lequel avait déjà épaté bien des gens avec son In the Bedroom.

De forme, l'audace se résume à quelques scènes humides et bien relevées, de fond, aux nombreux messages gauchistes, auxquels on adhère mais qui sont ici proposés comme autant de mini leçons de morale. Little Children est bien une autre «fable moderne pour adultes» avec des personnages plus ou moins ordinaires qui pourraient être vous et moi (ou, idéalement, les autres.)

Kate Winslet, ici plus hot que jamais, est la jeune mère universitaire, férue d'anthropologie, qui s'occupe seule de sa fille pendant que le mari, informaticien, passe ses journées au bureau à piocher sur le clavier d'une main et à se caresser de l'autre. Patrick Wilson fait le père chômeur au foyer, marié à une femme superbe (Jennifer Connelly) mais distante, amateur de football, ami des clubs sportifs policiers, et lui aussi coincé dans une vie profondément plate et routinière. Dans ce village américain typique, Sarah et Brad vont se rencontrer, par hasard au parc, chacun trimballant sa marmaille: ce sera le coup de foudre. Little Children suit les aléas de ce couple interdit et secret.

Pendant ce temps, au village... À peine sorti de prison, un exhibitionniste pédophile apparemment incurable (Jackie Earle Haley, pédophile de caricature) essaie péniblement de réintégrer la société. Mais il est perçu par la populace comme une véritable menace, d'autant plus que certains citoyens bien informés agrafent sa photographie sur tous les poteaux.

Moraliste, disions-nous, Little Children chante ici les louanges du pardon et dénonce les affres de la vengeance: ce maniaque sexuel, somme toute inoffensif, a payé sa dette à la société, doit-on comprendre. Il mériterait certes un «suivi psychologique» mais certainement pas une battue. Ce film ambitieux fonctionne très bien tant qu'il ne s'égare pas trop de la comédie dramatique et sentimentale, même si l'on peine parfois à croire en la passion qui unit Sarah l'intello à Brad, le gars ordinaire.

Cette sordide histoire du pervers persécuté, maladroitement imbriquée au récit, aurait pu faire un seul film. Malgré ses maladresses, malgré sa finale qui laisse sur une désagréable impression de vacuité, Little Children demeure un film à part, donc à voir, ne serait-ce que parce qu'il propose autre chose que la poutine américaine habituelle, cavalièrement servie chaque semaine.
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* *1/2

Little Children (Les enfants de choeur)Drame de Todd Field. Avec Kate Winslet, Patrick Wilson, Jennifer Connelly. 130 minutes

L'histoire d'un coup de foudre dans un village américain parfaitement typique. En parallèle, le calvaire d'un exhibitionniste sorti de prison et offert en pâture à la populace.

Double intrigue à la fois sentimentale et policière, servie avec propos social pesant et appuyé.