Hollywood plonge dans la guerre civile de la Sierra Leone? Le concept fait peur. À la lumière de ce qu'on nous montre dans Blood Diamond (Le diamant du sang en version française), force est de constater que nos craintes étaient en partie fondées. Non pas que le film d'Edward Zwick soit complètement dénué de pertinence, ni exempt de scènes dramatiques très fortes. Mais l'approche empruntée ici par le réalisateur de The Last Samurai octroie à l'ensemble un aspect factice dont on peut difficilement faire abstraction.

Alors que certains cinéastes (Fernando Meirelles avec The Constant Gardener par exemple) parviennent à traduire l'esprit du pays dans lequel ils tournent avec authenticité, Zwick accouche d'une production pompeuse, dans laquelle le propos est noyé dans une forme hollywoodienne pleine de bons sentiments.

Le récit relate ainsi le parcours de Danny Archer (Leonardo Di Caprio), un contrebandier afrikaner qui fait le trafic de diamants pour financer une guerre civile auxquels participent notamment plusieurs enfants soldats. Ce dernier tente de convaincre Solomon Vandy (Djimon Hounsou), un modeste pêcheur «recruté» pour creuser la terre, de lui confier l'énorme diamant que ce dernier vient de trouver. Solomon veut éviter les camps de réfugiés à sa famille, et essaie surtout de trouver le moyen de sortir son jeune garçon des griffes de l'armée révolutionnaire. À leurs côtés, une journaliste américaine (Jennifer Connelly) qui estime qu'il est plus que temps de révéler au grand jour la complicité de l'industrie du diamant dans toute cette affaire.

Zwick a vu trop grand. Alors que les aspects du récit liés à la guerre civile sont rendus de façon cohérente, tout le reste y compris une petite intrigue sentimentale qui jure dans le tableau ne convainc guère. À cet égard, on trouvera le personnage de la journaliste américaine essentiel dans le cours de l'histoire fort peu crédible.

Les scènes les plus vraies et les plus fortes sont, en fait, liées au personnage de Solomon. C'est à travers lui qu'est cristallisé le drame auquel sont confrontés les peuples du continent noir. Que l'on évoque la séparation des familles dans les camps de réfugiés, ou ces enfants soldats qu'on endoctrine (voilà des scènes troublantes), Blood Diamond a au moins le mérite de porter à l'attention du public occidental une réalité méconnue. Djimon Hounsou (Amistad, In America) offre d'ailleurs une prestation remarquablement nuancée, très vibrante. Leonardo Di Caprio se donne aussi à fond (avec accent et tout) mais l'approche que privilégie Zwick est si improbable que l'acteur semble avoir parfois du mal à trouver ses repères.
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BLOOD DIAMOND(V.F.: LE DIAMANT DE SANG), drame d'aventures réalisé par Edward Zwick. Avec Leonardo Di Caprio, Djimon Hounsou, Jennifer Connelly.

En 1999 dans la Sierra Leone, un contrebandier de diamants fait la rencontre d'un pêcheur dont le jeune fils a été enrôlé dans l'armée rebelle. L'effort est noble mais Edward Zwick a vu beaucoup trop grand.