Rob Stewart n'a pas 30 ans. Avec son premier documentaire, il réussit un tour de force assez spectaculaire en réhabilitant l'image des requins, éternels incompris, tout en s'attaquant au commerce odieux d'une mafia asiatique qui s'enrichit en tuant ces belles bêtes pour... leurs petits ailerons!

Dès le début de ce film de 91 minutes, le jeune homme met à profit son expérience de photographe sous-marin pour nous plonger dans un monde de silence et de beauté où règnent certains des plus vieux habitants de la planète, les requins.

Non, ce ne sont pas les tueurs que l'on craint tant, souligne le documentaire jusqu'à la fin. Le documentariste nous démontre que ces «monstres» craignent l'homme plus que tout, qu'ils sont à la base de l'équilibre des écosystèmes marins et que les machines de boissons gazeuses sont responsables de plus de décès qu'eux chaque année.

À l'aide d'images sous-marines magnifiques, le cinéaste avoue simplement sa passion des requins, ces «architectes de notre monde». Les requins nagent depuis plus de 400 millions d'années dans les océans. Survivants de fins du monde qui ont eu raison du dinosaure et du mammouth, les requins sont aujourd'hui menacés d'extinction par une chasse qui tuent 100 millions d'entre eux tous les ans.

M. Stewart se met lui-même en scène dans son documentaire. Il faut dire que le tournage, s'échelonnant sur une période de quatre ans, a failli lui coûter la vie à quelques reprises. Sa détermination lui aura toutefois permis de vaincre la bactérie mangeuse de chair et la menaçante mafia responsable du massacre.

Le film prend des allures de thriller lorsque la caméra suit la filière du commerce illégal d'ailerons de requin en montant à bord de l'Ocean Warrior du célèbre activiste Paul Watson, fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society et ancien membre de Greenpeace. Quittant l'eau salée, le cinéaste finit par capter des images inédites d'entrepôt de la mafia où s'entassent des millions d'ailerons de requin.

Déjà récompensés dans plusieurs festivals, Sharkwater ne fait pas toujours dans la nuance. Le propos est parfois répétitif et souligné au crayon gras, mais force est de constater qu'il s'agit d'un projet dangereusement efficace et percutant, qui nous ouvre enfin les yeux sur une espèce qui mérite, au bout du compte, tout notre respect.

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SHARKWATER, documentaire de Rob Stewart.

Fasciné par les requins, un jeune cinéaste les filme avec passion, dénonçant le commerce illégal de leur chair et faisant tomber un à un les clichés au sujet de ces mal-aimés, néanmoins maîtres des océans depuis toujours.

Beau et efficace.