Si la course aux Oscars a l'habitude de commencer au Festival de Toronto, un sérieux prétendant à plusieurs statuettes vient de prendre une longueur d'avance. L'émouvant Atonement, de l'Anglais Joe Wright, est une production étiquettée Academy Awards d'un générique à l'autre.

L'adaptation du roman d'Ian McEwan par le réalisateur d'Orgueil et Préjugés et le scénariste des Liaisons dangereuses, Christopher Hampton, est une totale réussite, tant sur le plan de la mise en scène, de l'écriture que de l'interprétation. De la même farine que Le Patient anglais, pour ceux qui ont aimé.

Atonement, comme son titre l'indique, est le récit d'une expiation. Le péché commis est celui d'une adolescente de 13 ans d'une riche famille anglaise des années 30 (Saoirse Ronan), qui portera un faux témoignage contre l'amant (excellent James McAvoy) de sa soeur aînée (Keira Knightley), dont elle est secrètement amoureuse.

Les conséquences seront dramatiques pour le jeune homme qui, séparé de celle qu'il aime, connaîtra l'emprisonnement et la Seconde Guerre mondiale. L'expiation de la jeune femme, devenue adulte et écrivaine à succès, viendra trop tard.

Atonement est un film brillant et malin, qui ne dévoile son mystère que dans ses derniers instants. Wright signe un véritable travail d'orfèvre. Le plan- séquence de plus de cinq minutes sur les soldats anglais en déroute sur la plage de Dunkerque témoigne d'une maîtrise exceptionnelle de son art.

À vue de nez, histoire de jouer au devin à cinq sous, on décerne sept mises en nomination aux Oscars pour Atonement. On verra dans six mois ce qu'il en est.

All You Need is Love

S'il n'avait pas déjà été utilisé jadis, le dernier film de Julie Taymor aurait pu s'intituler All You Need is Love. Ou encore Hold me Tight. Ou Revolution. Vous avez bien compris, les Beatles ne sont pas loin.

Les deux personnages d'Across the Universe, c'est le titre retenu, s'appellent d'ailleurs Jude (Jim Sturgess) et Lucy (Evan Rachel Wood) - toute ressemblance avec des chansons des Fab Four étant évidemment purement fortuite.

Dans cette production 100 % nostalgie, la réalisatrice de Frida campe une histoire d'amour tout ce qu'il y a de plus simple entre ce jeune docker de Liverpool et une riche étudiante de Princeton. Leur histoire évolue au gré d'une douzaine d'adaptations des chansons des Beatles, sur fond de bouillonnement social des années 60. Manifestations antiraciales, guerre du Viêtnam, power flower, tout y est, même Jimmy (Hendrix) et Janis (Joplin).

Les fans des Beatles vont évidemment en avoir pour leur argent, le cinéphile un peu moins, dans la mesure où le scénario ne casse rien. Qu'importe, l'important demeure la musique. Et surtout le déploiement visuel du film. Là-dessus, attachez votre tuque avec de la broche, on ne s'ennuie pas. Chorégraphies incroyables, séquences d'animation psychédéliques, marionnettes géantes, pas besoin de LSD pour tripper. Avec, en prime, un Bono transformé en Dr Robert, de leur album Revolver. Jouissif.

Ceux qui ont déjà l'eau à la bouche n'auront pas à attendre longtemps, Across the Universe prend l'affiche le 28 septembre.

Rentrée de Paul Haggis

Le réalisateur Paul Haggis, auréolé de l'Oscar du meilleur film en 2004 pour Crash, était attendu fébrilement à Toronto avec son second film, In the Valley of Elah. Le résultat n'est pas mauvais, mais laisse sur notre faim.

Avec le conflit irakien en toile de fond, In the Valley of Elah raconte le récit d'un ancien militaire (Tommy Lee Jones) qui cherche à retrouver les assassins de son fils, tué sauvagement à son retour au pays. Une policière tenace (Charlize Theron) l'aidera dans sa tâche de Goliath, c'est le cas de le dire, puisque le titre fait référence à la légende biblique.

Le film de Haggis ronronne plus qu'il ne rugit. Une production honnête qui profite de sa dernière scène, puissante, pour dire que les États-Unis sont un pays en détresse.