Van Gogh a vécu une vie de tourmente, d'isolement et de dépression. Pour lui, la peinture allait de pair avec «la peine, les soucis, les déceptions, les heures de mélancolie et tout ça.»
Au Centre hospitalier Robert-Giffard, le prénom du célèbre peintre est maintenant associé à un programme (Vincent et moi) qui permet à des gens atteints de maladie mentale d'exercer leur créativité artistique afin de venir à bout de leurs démons intérieurs.
Johanne Prégent, dans son documentaire Le Diable au corps, explore l'âme et le coeur de quatre participants à ce programme. Deux hommes et deux femmes de Québec qui témoignent d'une vie qui n'a jamais été facile, mais aussi de l'art comme moyen de sortir de son isolement et de gagner un peu d'estime de soi. En cela, l'initiative de l'institut psychiatrique est une réussite.
La réalisatrice de La Peau et les Os (1987) et des Amoureuses (1991), aidée à l'écriture du scénario par l'écrivaine Nelly Arcan, propose une oeuvre sobre, peu morose malgré le sujet, ponctué de quelques parenthèses stylisées qui se marient bien avec le propos, très lucide, de ces artistes soucieux de faire connaître le mal qui les afflige. Il leur en faut du courage pour témoigner ainsi, à visière levée, d'un état qu'ils ont si longtemps caché.
S'ils le font, c'est qu'il y a pour eux une lumière au bout du tunnel, grâce au programme de Robert-Giffard. Ils peuvent maintenant s'accepter et faire accepter leur maladie mentale. Il faut voir leur satisfaction et leur bonheur, au vernissage de leurs oeuvres. «Ils sont étonnés d'être traités comme des artistes, et non comme des malades», mentionne avec fierté le coordonnateur du programme, François Bertrand.
Un documentaire empreint d'une grande compassion, qui fait oeuvre utile pour démystifier la maladie mentale et ses victimes.
Le Diable au corps. Genre : documentaire. Réalisatrice : Johanne Prégent. Classement : général. Durée : 52 minutes
Cote : * * * 1/2
On aime : le courage et la sincérité des quatre artistes qui ont accepté de témoigner
On n'aime pas :