Si le gros rouge qui tache et le vieux dégueulis qui pue ne sont précisément votre truc, vous êtes tout de suite invités à aller boire ailleurs: Hatchet est un festin sanglant, un hommage aux films d'horreur des années 80 qui ont «bercé» (le mot paraît inadéquat) toute une génération de fanas.

Aux yeux de certains mordus, ce délirant pastiche passera pour une énième entreprise de récupération, et ils auront raison. Hatchet n'apporte rien de nouveau. Au contraire, il ramène le genre spécifique du «slasher» à ses bases. La nuit, un tueur, une forêt, des proies. À côté de ce délire de violence parfaitement imbécile mais jouissif, le Hostel d'Eli Roth passe pour un exercice hautement intellectuel.

Le jeune réalisateur Adam Green, cela saute aux yeux dès le prologue (où Robert Englund, monsieur Freddy, subit une mort atroce), aime et respecte le genre, assez pour s'autoriser à la moquerie. Une dizaine de touristes, autant de personnages archétypiques (de la blonde nouille au grand dadais) se retrouvent perdus dans les profondeurs nocturnes et brumeuses des bayous, là où sévissent non seulement les crocodiles mais un tueur fou.

Ce meurtrier dément, Victor Crowley, est une légende locale. Il s'agit d'un colosse brutal, né défiguré, sorte de monstrueux croisement entre l'homme éléphant et le mongolien de Goonies. Armée d'une hachette, mais capable de déchirer un torse à mains nues, cette créature infernale va décimer le petit groupe égaré (le gore est ici d'une violence extrême, mais granguignolesque qui rappelle le Braindead de Peter Jackson ou le récent Planet Terror de Robert Rodriguez.)

Imaginez l'un des nombreux volets de Friday the 13th poussé à l'extrême jusqu'au ridicule, ou à l'un de ces sous-produits comme The Burning ou Sleepaway Camp, purs produits des années 80, avec dialogues (ici volontairement) débiles, effets spéciaux et maquillages poussifs, musique stridente et successions de dénouements «inattendus» (dans ces films, le monstre ne meurt jamais du premier coup) et vous aurez une bonne idée de ce à quoi ressemble ce Hatchet, qui n'est d'ailleurs pas passé inaperçu au dernier festival Fantasia (en salle pour une semaine au Cinéma du Parc).

Comédie d'horreur, ce n'est tout de même pas le Shaun of the Dead du «film de bonhomme sept heures», mais c'est une petite surprise qui fera bien rigoler les amateurs du genre. Adam Green est aussi l'auteur, avec Joel Moore, de l'excellent thriller Spiral, lequel sera également présenté au Cinéma du Parc, un soir seulement (le 22 novembre).

** 1/2
HATCHET

Comédie d'horreur d'Adam Green. 
Avec Joel Moore, Tamara Feldman, Deon Richmond.