En 2007, cette chronique hebdomadaire vous a proposé au-delà de 300 DVD, presque autant que le nombre de journées dans l'année! Parmi ces oeuvres choisies, nous vous proposons aujourd'hui la crème de la crème.

Voici les 20 DVD les plus remarquables de l'année, soit cinq titres dans chacune de ces quatre catégories : drame, suspense, drame historique et comédie. Une classification nullement exhaustive et parfaitement subjective!

Drames

> Babel : Le film le plus riche de sens de cette sélection est sans doute Babel, d'Alejandro Gonzales Inarritu, avec Cate Blanchett et Brad Pitt. Un simple coup de feu tiré par un enfant dans le désert marocain déclenche des malheurs sur trois continents. C'est la théorie du chaos appliquée à la mondialisation, qui recrée la tour de Babel, multipliant les conflits raciaux, les guerres religieuses et les enfants orphelins.

> Chronique d'un scandale : Chronique d'un scandale, de Richard Eyre, a valu à Judy Dench et Cate Blanchett deux nominations méritées aux Oscars. Barbara (Dench), une vieille enseignante revêche, s'immisce dans la vie de sa jeune consoeur Sheba (Blanchett). Entraînée dans une aventure avec un étudiant de 15 ans, Sheba est victime du chantage trouble de Barbara.

> Je vais bien, ne t'en fais pas : L'une des plus belles révélations de 2007 a pour nom Mélanie Laurent, qui incarne Lili dans le touchant drame familial de Philippe Lioret Je vais bien, ne t'en fais pas. Pour la jeune femme, le départ de son frère chéri est une épreuve. Des lettres lui arrivent, apparemment écrites par Loïc. Les mois passent et l'angoisse grandit. Un film extrêmement sensible.

> Le cou de la girafe : Autre drame familial où l'émotion est contenue mais bien réelle, Le cou de la girafe, de Safy Nebbou, met en scène Hélène (Sandrine Bonnaire), 40 ans, toujours affectée par la séparation de ses parents, dans son enfance. Son père (Claude Rich) lui a raconté qu'il avait été abandonné. Hélène n'a jamais revu sa mère, dont Paul lui a annoncé la mort. Mais est-ce la vérité? Remarquable par la justesse et la délicatesse de tous les sentiments exprimés.

> Le carnet noir : Aux antipodes du drame intimiste, Le carnet noir, de Paul Verhoeven, est une saga qui ne nous laisse pas un instant de répit. Rachel Stein (Carice Van Houten) est une Juive dont la famille tente de fuir la Hollande occupée par les nazis. Elle entre dans la Résistance et joue les Mata Hari en couchant avec un officier allemand. D'intrigue en embuscade, Verhouven construit un passionnant feuilleton.

Suspenses

> La tourneuse de pages : Le suspense le plus habile, le plus subtil de l'année DVD est certes La tourneuse de pages de Denis Dercourt. Une pianiste ratée, Mélanie (Deborah François), devient tourneuse de pages d'Ariane Fouchécourt (Catherine Frot). Mélanie se rend indispensable à sa patronne. La relation entre les deux femmes est d'une telle ambiguïté que l'on ne sait absolument pas à quoi s'en tenir. Un petit chef-d'oeuvre!

> Le prestige : Depuis Memento, Christopher Nolan est un homme à surveiller. Avec Le prestige, il signe un autre suspense déboussolant, qui se situe dans le monde trompeur des prestidigitateurs, en ce XIXe siècle où science et spiritisme s'entremêlent. On suit avec fascination la rivalité entre deux magiciens (Hugh Jackman et Christian Bale) pour qui tous les trucs sont permis.

> Le dahlia noir : On s'attendait à du spectaculaire de Brian de Palma dans Le dahlia noir. Il nous livre plutôt un mystère policier sombre et élégant. De Palma fait sienne la théorie de James Ellroy sur le meurtre de la starlette Elisabeth Short, dans le Hollywood de 1947. Un fait réel. Pour élucider l'affaire, deux flics (Josh Hartnett et Aaron Eckhart) font équipe tout en se surveillant. Impossible d'oublier l'extrait du film muet L'homme qui rit, dont le rictus horrible représente le cauchemar hollywoodien.

> L'ami allemand : Cette esthétique raffinée, on la retrouve dans L'ami allemand, le beau film rétro en noir et blanc de Steven Soderbergh. Jake Geismer (George Clooney) connaît bien l'Allemagne pour y avoir vécu avant la guerre. À l'effondrement du Reich, il revient à Berlin pour retrouver son amour Lena Brandt (Cate Blanchett). On se perd avec plaisir dans les dédales de ce scénario rappelant Le troisième homme d'Orson Welles.

> Monsieurs Brooks : Monsieurs Brooks est une surprise. Kevin Costner est convaincant, même dans ce film abracadabrant de Bruce A. Evans. Earl Brooks (Costner) est un homme d'affaires honorable et un père de famille aimant. Mais il est aussi un meurtrier en série! Comme un gamin, il a un ami imaginaire (William Hurt) qui lui parle sans cesse à l'oreille. Le plus surprenant, c'est que cette fable tient la route...

Drames historiques

> Le vent se lève : C'est pour que le passé éclaire le présent que Ken Loach a tourné Le vent se lève, qui nous ramène au traité de paix de 1920 entre l'Angleterre et l'Irlande. Une paix acceptée par les Irlandais avec le fusil sur la tempe. Certains, tel Damien O'Donovan (Cillian Murphy), ont refusé cette liberté suveillée, alors que d'autres, comme son frère Teddy (Padraic Denaley), se sont rangés du côté des occupants anglais. Ce film déchirant montre avec quelle brutalité les Anglais ont divisé les Irlandais pour les dominer.

> Bobby : Bobby est l'un de ces films trop riches et complexes pour être saisis entièrement au premier visionnement. Mais le temps donnera raison à Emilio Estevez, qui aborde l'assassinat de Robert Kennedy en suivant pas à pas 22 acteurs secondaires du drame, dans les heures qui précèdent le coup de feu fatidique. Les organisateurs politiques, les employés d'hôtel, une chanteuse sur le déclin (Demi Moore) et tant d'autres... Le film se termine sur un discours de Kennedy, lucide et prémonitoire.

> Sa Majesté la reine : Encore plus que son incarnation d'Élisabeth II, dans le film oscarisé de Stephen Frears (Sa Majesté la reine), Helen Mirren brille en personnifiant la grande Élisabeth, dans une série télévisée de Tom Hooper. Quel destin shakespearien que celui de cette Reine vierge qui se donna tout entière à son pays! Plus de trois heures trente où pas une scène n'est à couper.

> Modigliani : La perle oubliée de 2007 pourrait bien être le Modigliani de Mick Davis. Andy Garcia nous offre sa meilleure performance à vie dans le rôle du peintre maudit, égaré dans le Paris bohème du début du XXe siècle. Un portrait fellinien, pimenté par une rivalité épique entre Modigliani et Picasso.

> La fraude : La fraude, c'est celle imaginée par l'écrivain Clifford Irving (Richard Gere), qui a prétendu avoir recueilli les confidences du milliardaire excentrique Howard Hughes. Le grand éditeur McGraw-Hill a marché à fond et versé une avance de 1 million $ au faux biographe. La vérité sur le plus gros mensonge du XXe siècle.

Comédies

> Règne sur moi : L'année comédie a été marquée par deux clowns qui se sont mis à nous émouvoir! D'abord Adam Sandler, dans Règne sur moi. Charlie Fineman a perdu femme et enfants dans l'attentat du 11 septembre 2001. Traumatisé, il a régressé à l'adolescence, collectionnant les vieux vinyles et passant son temps à jouer à des jeux vidéo. Charlie fascine son ancien collègue d'études (Don Cheadle). Entre les deux s'amorce un apprivoisement qui nous révèle un Sandler étonnamment émouvant.

> Plus étrange que fiction : L'autre clown transfiguré est l'imprévisible Will Ferrell, dans Plus étrange que fiction, de Marc Forster. Ferrell y devient un type terne et rangé, Harold Crick, qui découvre qu'il est le «héros» du roman d'une auteure en panne d'inspiration (Emma Thompson). Ferrell accède au rang des acteurs sérieux, comme cela est arrivé avant lui à Jim Carrey.

> La poursuite du bonheur : Mais la comédie la plus touchante et sympa de l'année DVD est peut-être La poursuite du bonheur de Gabriele Muccino. Il met en présence Will Smith et son vrai fils Jaden. Chris Gardner est un commis voyageur. Il vit seul avec son garçon de huit ans et tire le diable par la queue. On suit avec un sourire attendri les efforts de Chris pour donner à son fils une raison d'être fier de son papa. Smith, père et fils, sont mourants tous les deux!

> Help! : La réédition de l'année est certes Help! avec les Beatles. Restauration spectaculaire et révélatrice. L'année du tournage, 1965, est une période euphorique pour le Fab Four. Richard Lester a filmé quatre enfants dans un magasin de jouets! Au-delà de la musique magique, on redécouvre une vraie comédie, une histoire incroyable tournant autour d'une bague du bien nommé Ringo!

> Les vacances de Mr Bean : Avec Les vacances de Mr Bean, Steve Bendelack a voulu retourner à la source du succès de ce «caractère», en le confinant à un rôle muet. Ces vacances en France, qui se terminent en plein Festival de Cannes, ressemblent à un sujet court étiré sur une heure et demie. Rowan Atkinson sauve la mise en multipliant les grimaces et les contorsions.