Pour situer ce troisième opus dans la hiérarchie des adaptations cinématographiques de la célèbre bande dessinée gauloise, disons d'entrée de jeu qu'Astérix aux Jeux olympiques est un peu mieux qu'Astérix et Obélix contre César (Claude Zidi), mais beaucoup, beaucoup, beaucoup moins bien qu'Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre (Alain Chabat).

À la demande d'Albert Uderzo, survivant du tandem que ce dernier formait avec l'auteur René Goscinny, le producteur Thomas Langmann a dû accoucher d'un projet qui, dans l'esprit du dessinateur, se rapprocherait plus de l'esprit de la bédé que le film précédent. Dans ces circonstances, le pari était pratiquement impossible à tenir.

Car à force de vouloir plaire à tout le monde et à son père, c'est bien connu, on finit par ne plus séduire personne. L'humour second degré qui a assuré le succès phénoménal du film précédent dans les pays francophones a été taillé en pièces. Le mandat très clair qu'ont eu les concepteurs de «recentrer» la franchise vers un public plus familial fait aussi en sorte que les personnages sont dénués de toute substance.

Il est d'ailleurs assez étrange de constater à quel point les deux protagonistes de cette série d'aventures en sont presque réduits ici à des rôles de figuration. L'entrée d'un nouvel Astérix, sous les traits de Clovis Cornillac, emprunte ainsi toutes les allures d'un rendez-vous manqué, l'acteur n'ayant pas vraiment l'occasion d'imprimer sa marque. Gérard Depardieu, l'irremplaçable Obélix, semble de son côté assurer le strict minimum syndical.

En fait, l'intrigue de cette superproduction tourne principalement autour d'Alafolix, le personnage qu'incarne Stéphane Rousseau. Le romantique Gaulois, épris de la princesse Irina (Vanessa Hessler), se tourne en effet vers les deux plus célèbres guerriers du village afin que ces derniers l'aident à obtenir du succès aux prochains Jeux olympiques, histoire de conquérir ainsi le coeur de la belle. Or, ce personnage est tellement fade par rapport à son rival, incarné par le délirant Benoît Poelvoorde, que le récit ne parvient jamais à se remettre de ce déséquilibre.

Cabotinant à souhait, l'acteur belge se sauve bien entendu avec les meilleures répliques et les meilleures scènes. Dans le rôle de Brutus, le fils mal aimé de César (Alain Delon), Poelvoorde a visiblement eu la latitude nécessaire pour y mettre un peu du sien, même si l'ensemble reste bien sage, trop sage.

Face à lui, Delon y va d'un exercice d'autodérision qui, bien qu'amusant au début, parce que très référencé, finit par s'essouffler assez vite. Les participations des vedettes sportives ne donnent par ailleurs pas l'effet escompté, surtout dans la scène finale, parfaitement bancale.

À vrai dire, il manque à tout cela un fil conducteur, une vision, un parti pris. Les coréalisateurs Frédéric Forestier et Thomas Langmann, qui cosignent aussi ce scénario exsangue, semblent avoir été un peu dépassés par l'ampleur d'une superproduction dans laquelle on a clairement misé sur l'emballage plutôt que sur le contenu.

Quelques bons gags (Dubosc en Assurancetourix) ne suffisent pas à sauver la mise d'un film qui, même s'il est cette fois plus particulièrement destiné aux enfants, se révèle franchement un peu vieux jeu. N'est-ce pas un peu ironique qu'en cours de route, Astérix ait perdu son esprit alors qu'Uderzo, qui avait imposé son veto pour circonscrire un projet précédent, avait spécifiquement donné le mandat aux concepteurs de le retrouver?

Astérix aux Jeux olympiques ouvre aujourd'hui le 12e Festival de film de Juste pour rire et prend l'affiche simultanément partout au Québec.

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ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES. Comédie fantaisiste réalisée par Frédéric Forestier et Thomas Langmann. Avec Clovis Cornillac, Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Stéphane Rousseau, Alain Delon. 1 h 53.

Pour conquérir le coeur d'une belle princesse grecque, un jeune Gaulois affronte son rival Brutus aux Jeux olympiques.

Un film plus vieux jeu, dénué de tout second degré.