1763. La Nouvelle-France fait son deuil de la mère patrie. Pour le seigneur de Beaupré, Claude Volant (Gilbert Sicotte), comme pour toute la noblesse et le peuple canadiens (mot qui a encore un sens, à cette époque), la vérité devient évidente : il n’y aura plus de Nouvelle-France.

C’est dans ce climat de désespoir que se situe Marguerite Volant, l’admirable fresque de Charles Binamé. Pour représenter l’état d’esprit de ce peuple humilié, castré, ce n’est ni le père déprimé, ni le fils velléitaire (Stéphane Gagnon), ni le patriote belliqueux, Laval Chevigny (Normand D’Amour), qui incarnent l’avenir, mais bien une jeune femme, Marguerite (Catherine Sénart), parée de tous les courages.

Une pose chère à Binamé, qui avait fait de Donalda l’héroïne de Séraphin. Entre un amant français et révolté et un soldat britannique et mesuré, James Chase (Michael Sapieha), le cœur de Marguerite balance. Mais l’avenir, c’est la soumission au conquérant. Le cœur a des raisons que la raison n’ignore pas. Malgré son révisionnisme teinté de féminisme romanesque, cette série de 11 épisodes est remarquable par la grande beauté de ses décors et de sa photographie signée Pierre Gill, qui joue artistement avec les éclairages naturels, même dans les intérieurs. Visuellement, au moins, on se croirait au XVIIIe siècle.

Extras*** Un instructif documentaire sur le tournage nous montre avec quel souci d’authenticité on a recréé une image à la fois belle et triste de la fin de la Nouvelle-France, à défaut d’en retrouver les vraies mentalités.

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Marguerite Volant

Drame historique de Charles Binamé
Avec Catherine Sénart et Michael Sapieha