Derrière chaque décision politique, il y a des conséquences humaines. Et ce qui semble banal pour un décideur peut devenir tragique pour ceux qui sont concernés.

Salma, une veuve palestinienne, gagne sa vie en s’occupant soigneusement du verger de citrons légué par son père et situé à la frontière d’Israël et des territoires occupés. Un jour, l’armée israélienne lui annonce que son verger sera rasé parce qu’il représente une menace pour la sécurité de son voisin, le ministre de la Défense d’Israël. Courageuse, comme David qui affronte Goliath, elle décide de contester cet ordre, par la voie des tribunaux. Et elle trouve une alliée inattendue : la femme du ministre.

Le scénario est écrit à la manière d’une fable qui, à partir d’un cas particulier, raconte le conflit israélo-palestinien. Et de manière très habile, le réalisateur Eran Riklis oppose la solitude des deux peuples à celles de ses personnages. Salma, la veuve confinée à sa maison et son verger, forcée de fuir la présence des hommes pour préserver sa réputation, menacée par ses liens avec son avocat. Mira, la femme du ministre, pres¬que cloîtrée dans sa jolie maison, pour des raisons de sécurité. Les deux femmes se regardent à travers les barbelés et se comprennent mutuellement, au-delà des mots et des langues qu’elles ne partagent pas.

Il s’agit d’une fiction, bien sûr, mais c’est comme si on mettait des visages humains sur un conflit presque banalisé par les années. C’est comme si on mesurait le tragique qui accompagne le quotidien, au-delà des affrontements physiques et des morts violentes.

C’est aussi une lueur d’espoir. Faible, mais présente. Les peuples, représentés par le ministre de la Défense et les autorités religieuses, sont enfermés dans leurs idées. Mais les individus, ici les deux femmes, ont la force d’aller à contre-courant pour faire naître un peu d’humanité, là où l’absurdité s’érige en mur.

Le symbole du verger de citrons, baigné de lumière, résonne très fort. La paix se cultive, comme les arbres. Généreux quand ils sont soignés. Asséchés et avares quand on les délaisse et les enferme.