Sa désagrégation et sa fin étant inéluctables, ce monde mérite-t-il vraiment d’être connu? Cette vie vaut-elle vraiment la peine d’être vécue? George, écolier taciturne et distrait, incapable du moindre effort pour ses études, est ainsi tourmenté par les premiers symptômes du désarroi métaphysique, lequel mènera vite au sentiment brut d’exister, à la crainte de mourir, puis à l’apathie: la vie n’ayant pas de sens, à quoi bon faire ses devoirs?

George (Freddie Highmore), typique ado solitaire et tourmenté, tout de sombre vêtu, peintre en herbe (oui, celui que personne ne remarque et qui dessine au fond de la classe), fera la rencontre de Sally (Emma Roberts), blondinette guillerette et déniaisée, elle aussi attirée par le monde mystérieux de l’Art, le grand (ils fréquenteront les ateliers d’un bohème et iront voir Zazie dans le métro). George est amoureux, Sally ne cherche d’abord en lui qu’un ami. Ces deux âmes errantes se rencontreront-elles dans un grand élan de fièvre passionnelle? George saura-t-il prendre le sentier de la réussite et obtenir son diplôme?

Imaginée pour les ados en passe de devenir adultes et construite en forme de comédie romantique «différente», The Art of Getting By a effectivement le mérite de présenter des personnages hors du commun ou généralement réduits à l’état de caricatures dans les films de ce genre: le sportif, sa nunuche, la méchante brunette, le grassouillet, le crampon à lunettes ou encore – et c’est très en vogue – le «gothique émosexuel» façon Twilight.

Mais ce film, mignon, gentil et amusant, n’est au fond, malgré l’évidente prétention du scénariste et réalisateur Gavin Wiesen (premier long métrage) de faire marginal, que le calque léché, faussement profond, d’une de ces innombrables productions américaines pour l’édification des jeunesses récalcitrantes. Ces ébauches d’adultes qui auraient apparemment tout intérêt à se botter le derrière, à lire deux ou trois livres, à voir des films sous-titrés, à accepter autrui tel qu’il est, à faire la part de l’amour et de l’hormone et, grosso modo, à finir sa 5e secondaire et aller de l’avant, roucoulant d’espoir. Rien de trop neuf, rien de trop punk. À proposer dans le cadre d’un colloque sur le décrochage à l’UQAM.

THE ART OF GETTING BY. Comédie dramatique de Gavin Wiesen. Avec Freddie Highmore, Emma Roberts, Sasha Spielberg. 1h23.