Revenir sur les traces de son passé, surtout quand celui-ci est trouble et tatoué de blessures, est un pari risqué.

Pari que prend Max Stoller, entraîneur à succès d’une équipe de basket israélienne. Rescapé de l’Holocauste, Max accepte de prendre en charge l’équipe nationale allemande dans l’espoir de la conduire aux Jeux olympiques de 1984.

Boudé par les siens, il retourne dans le Francfort de son enfance. La visite du quartier où il a grandi lui rappelle avec douleur la disparition de son père et le renvoie à sa propre réalité puisqu’il est coupé de ses filles.


En parallèle, Max a une relation difficile avec Thomas, capitaine tête brûlée de son équipe hanté par la mort de son père. Ailleurs, il est séduit par Deniz, une belle musulmane, mère d’une adolescente de 13 ans, débarquée à Francfort - dans l’ancien appartement de Max - dans l’espoir de retrouver son mari.


Face à autant de noeuds, où l’absence du père est omniprésente, le fait de camper l’histoire dans une Allemagne encore tiraillée entre ses démons passés et présents (nous sommes en 1982 et le pays est encore divisé) est tout à fait à-propos. La qualité des décors et la grisaille qui colore tout le film ajoutent d’ailleurs des touches très justes à l’ensemble.


Cela dit, s’engager dans une triple histoire (basée il est vraie sur celle de l’entraîneur israélien Ralph Klein) où chaque vie est hautement complexe risque de générer un maillon faible faisant déraper l’ensemble. Et c’est à notre avis ce qui survient dans le chapitre des relations entre Max et Thomas. Certes, tout le côté «drame sportif» du film est présenté dans une enveloppe qui nous change de l’approche holywoodienne. Mais à l’opposé, le développement de l’intrigue entre l’entraîneur et son leader est hautement prévisible en plus d’être farci de répétitions.


L’histoire qui se développe entre Max et Deniz est beaucoup plus subtile, dense et ceinte de détours imprévus. C’est là que le film réussit à bien vieillir pour nous amener à comprendre que la clé de ces difficiles relations paternelles réside peut-être du côté des mères. Ce développement inattendu ajoute tonus et beauté à ce film qui, jusque-là, reposait sur un échaffaudage pour le moins difficile à défendre.



Aujourd’hui 21h30 au Théâtre Maisonneuve

Demain 19h au Cinéma Impérial

En compétition officielle.


Playoff

Coproduction Israël-France-Allemagne réalisée par Eran Riklis.
Avec Danny Huston, Amira Casar et Max Riemelt.