Une famille, un sujet, une cause.


Ainsi se résume le contenu de Tibet : terre des braves, premier long métrage documentaire de Geneviève Brault portant sur la menace de disparition des nomades tibétains.


Pour traiter ce sujet fort intéressant, la cinéaste a choisi d’utiliser un filtre familial. Voilà donc Gyamtso, Tibétain d’origine ayant fui le régime chinois, qui retourne voir sa famille avec sa femme québécoise Marijo et leur fille Yangchen. Le couple s’inquiète du sort qui attend ces nomades et dénonce les efforts des autorités chinoises pour les sédentariser.


Les deux histoires sont indissociables, mais le fait de les avoir volontairement intercalées de façon aussi frontale agace de bout en bout. Propos et dénonciations sont aussi nécessaires qu’instructifs. Plusieurs éléments de la culture des nomades tibétains sont joliment exposés. Mais l’ensemble verse dans le descriptif et le didactique.


Le fait d’avoir confié une partie de la narration aux membres de la famille n’était pas une bonne idée. On veut bien croire que des contingences politiques empêchent les sujets de s’exprimer librement et accepter que la maîtrise du français de Gyamtso est imparfaite, mais, à l’écouter lire ses lignes comme un élève sa composition, on décroche. Et lorsqu’il se met à poser des questions à ses proches pour appuyer la thèse de départ, il y a un cruel manque de distance.


Et de poésie ! Contrairement à des films comme Last Train Home ou La part d’ombre, jamais on ne sent un certain détachement de l’auteur par rapport à son sujet, permettant au spectateur de se laisser bercer, imprégner par le propos.


Au-delà de ce passage difficile entre la télé, où elle a réalisé maints reportages, et ce premier documentaire, la réalisatrice a l’œil. Les images sont magnifiques et savent relever les dangers qui guettent les nomades. Tous ces signes d’industrialisation plantés dans un décor autrement désert, sauvage et dépouillé en sont d’éloquents témoins.

TIBET: TERRE DES BRAVES
Documentaire de Geneviève Brault. Avec la participation de Gyamtso Sotse et Marijo Demers. 1 h 36.

**1/2