Les classiques ont leur utilité. Quand il y a pénurie de contenus ou de formes, revenir aux bases de la tragédie grecque, par exemple, permet de rejoindre l’universel. Cette stratégie, qu’utilise habilement l’Espagnol Daniel Monzon dans Cellule 211, est tout à fait de mise pour raconter l’histoire d’un héros malgré lui, happé par un monde de désillusion et de violence.

Un jeune gardien de prison entre au travail une journée plus tôt que prévue et le destin le frappe tragiquement lorsqu’une émeute sanglante éclate dans le vétuste pénitentier.
Pris au piège, il décide hâtivement de se faire passer pour un détenu. Il réussira ce pari de survie, notamment en tenant tête au leader des mutins.

De la tragédie grecque, le cinéaste a également retenu l’utilisation d’un choeur. Ce sont les superviseurs de la prison qui regardent l’action captée par des caméras de surveillance.
On assiste ensuite à la transformation du héros dans une longue montée dramatique inexorable,  parfaitement menée.

Dans la tempête, le gardien et le criminel  se jaugeront, s’affronteront, mais finiront par se respecter et devenir amis. Lorsque la violence et l’indifférence  emportent tout, que reste-t-il à l’humain que la salvatrice communion avec l’autre? Il s’agira cependant du seul phare allumé dans ce périple au bout de la nuit.

Les acteurs sont tous excellents, mais plus particulièrement l’Argentin Juan Ammamm (le jeune gardien) et l’Espagnol Luis Tosar (le criminel endurci) dans les rôles principaux. Il faut avoir vu ailleurs ce dernier, magnifique acteur caméléon, pour constater à quel point il s’est transformé physiquement pour ce rôle, allant jusqu’à adopter une voix grave et éraillée.

La mise en scène est réaliste et sobre, entièrement vouée à la narration de cette descente aux enfers. Ce film exceptionnel ne souffre que d’une musique parfois convenue.

Un petit bémol pour ce succès populaire et critique en Espagne (8 prix Goya), qui démontre clairement que Pedro Almodovar n’est plus seul à porter l’étendard d’une cinématographie profondément originale.

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Cell 221 ****
Drame de Daniel Monzon.
Avec Luis Tosar, Alberto Ammann et Antonio Resines. 1h53.