Rassurez-vous, on ne profitera pas (trop) de ce précieux espace médiatique pour dénoncer une fois de plus les sombres desseins révisionnistes de l’industrie, apparemment très rentable, du remake à la chaîne. De toute façon, répliqueront les malins, ce nouveau The Thing n’est pas un remake mais une préquelle ou un antépisode, néologismes hideux qu’on pourrait traduire sans trop se casser la tête par prologue.

The Thing version 2011 nous renvoie donc en ce terrible hiver antarctique de 1982. Des chercheurs découvrent par hasard ce qui a toutes les apparences d’un ovni bien enfoncé entre d’épaisses couches de gel. Des gens de science seront évidemment dépêchés sur les lieux. Ainsi dénicheront-ils, congelée dans les glaces noires, cette créature bizarre qu’ils pensent morte. Ils apprendront que La Chose reprend vite de sa vigueur et de ses couleurs à la température de la pièce.

Vibrant hommage au film de John Carpenter, dont il est non pas la copie carbone mais le fac-similé numérique, ce The Thing est en vérité si révérencieux que cela éveille des soupçons, comme si le réalisateur (un certain Matthijs van Heijningen Jr.), sachant d’avance que son premier long métrage ne serait pas à la hauteur, s’excusait en multipliant les courbettes devant un éventuel Carpenter-spectateur ému et rassuré. De fait, ce n’est pas à la hauteur.

En voici quelques failles: l’absence de personnage féminin dans le film original ajoutait au climat de malaise et de paranoïa; la présence d’une héroïne ici, évidemment fort jolie, mine mystérieusement l’ambiance. Les effets spéciaux sont amenés avec trop d’empressement, la créature, par ailleurs fabuleuse, étant trop vitement dévoilée. De plus, le numérique et le caoutchouc ne font pas toujours bon ménage; beaucoup d’effets paraissent copiés/collés. Et enfin, quelle idée saugrenue que cette visite finale de la soucoupe volante; on passe alors de The Thing à un sous-produit d’Alien. Mais ne soyons pas chichiteux, ce produit de qualité ne fait pas honte au genre, en respecte les codes et procure les petites joies brutales et simples d’une bonne série B.

Film d’horreur de Matthijs van Heijningen Jr. Avec Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton, Ulrich Thomsen. 1h43.