La prochaine fois que vous verrez un joueur dominicain dans l’alignement d’un club de baseball majeur, dites-vous que son histoire ressemble peut-être à celle de Miguel Santos, dans Sugar. Au panthéon des films sur le sport de Babe Ruth, celui d’Anna Boden et de Ryan Fleck s’avère un gros coup de circuit au champ centre. Oubliez les fables hollywoodiennes à la Field of Dreams ou Bull Durham, les deux réalisateurs se collent à la réalité brute, dans un style cinéma vérité, pour raconter les efforts d’un jeune lanceur de la République dominicaine, Miguel «Sugar» Santos (excellent Algenis Pérez Soto), pour réaliser son rêve (et celui de sa mère) de jouer un jour au Yankee Stadium.

Talentueux, Sugar réussira à obtenir une invitation pour le camp d’entraînement d’une filiale des Royals de Kansas City, en Arizona. Loin de sa famille et ne parlant presque pas anglais, le jeune homme taciturne et réservé devra s’acclimater à la dure à son nouvel environnement.

Invité par la suite à faire partie d’une équipe de calibre A, au fin fond de l’Iowa, Sugar sera hébergé par un vieux couple fan de baseball. Les choses commenceront à déraper. Il perdra tous ses moyens au monticule, incapable de supporter la compétition et le stress. À l’extérieur du terrain, une jeune fille refusera ses prudes avances, le laissant encore plus seul.

Évanoui le rêve américain. «Sugar» ne deviendra pas le digne héritier de son grand compatriote Roberto Clemente. Il quittera plutôt l’équipe sans demander son reste, en direction de New York, afin d’aller rejoindre un ancien coéquipier retranché, en espérant gagner sa vie comme ébéniste.

Fleck et Boden, respectivement réalisateur-scénariste et scénariste de Half Nelson, signent un docudrame qui va droit au cœur, efficace dans sa façon d’aller chercher l’émotion sans jamais forcer la note. Le film rappelle vaguement le documentaire Junior, sur le monde du hockey junior, à la grande différence qu’il s’agit ici d’une fiction tournée avec beaucoup plus de moyens. Le jeune Algenis Pérez Soto est d’une authenticité de tous les instants. Il est le cœur et l’âme de ce film brillant, qu’on espère voir profiter d’une distribution en salle.