Son personnage de père autoritaire, bête et méchant dans De père en flic est un véritable contre-emploi pour Michel Côté. Dans la réalité, le populaire comédien avoue qu'il est plutôt un papa-poule qui déborde d'amour pour ses deux grands gars. Nul besoin pour lui de partir en retraite fermée au fin fond des bois, comme certains pères et fils le font, pour leur ouvrir son coeur.

«C'est très loin de moi. Je suis un père extrêmement attaché à mes enfants, confie-t-il au Soleil. Je suis pire qu'un père italien... J'aime les prendre dans mes bras, les serrer, leur dire que je les aime. Je ne comprends pas les pères castrateurs qui ne cherchent qu'à mettre des bâtons dans les roues de leurs enfants. Pour moi, le but d'un parent, et aussi sa plus grande fierté, c'est de les voir aller plus loin que lui.»

Dans De père en flic, Michel Côté retrouve un rôle de policier à la Omertà, mais très rapidement transporté sur le terrain de la comédie, à la faveur d'une mésentente chronique et viscérale avec son fils unique (Louis-José Houde), policier lui aussi. Afin de sauver un collègue enlevé par un groupe de motards criminalisés, le duo devra infiltrer une expédition formée de paternels et de leur fils, afin de soutirer des aveux à l'avocat du clan (Rémy Girard). Une aventure qui ne sera pas sans exacerber les différends entre papa et fiston...

Petite boule d'intelligence

«Mon personnage aimerait bien que son fils arrête d'être une moumoune et se comporte en homme», glisse Côté, élogieux à l'égard des «belles trouvailles» que compte le scénario d'Émile Gaudreault et Ian Lauzon, en soulignant au passage les virils combats dans la boue ou ces moments, plus intimes, où les pères renouent avec le bébé qui sommeille en leur fils...

Le chevronné comédien ne tarit pas d'éloges à l'égard de celui qui incarne son fils à l'écran, Louis-José Houde. «Une petite boule d'intelligence» dont c'était le premier grand rôle au cinéma. Or, rien n'y paraissait ou presque, de l'avis de Côté.

«J'avais l'impression d'être avec quelqu'un qui avait fait beaucoup de cinéma, il a livré la marchandise. C'est sûr que pour certaines scènes, un vétéran prend moins de temps à aller chercher l'émotion. C'est quel-qu'un avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir à travailler.»
Et histoire de se mettre au diapason de l'humoriste verbomoteur, il ajoute, d'un ton taquin, avoir accéléré son débit. «Je me suis mis à faire du Louis-José Houde, à parler plus vite que d'habitude...»

Rémy Girard, 20 ans plus tard

Le tournage a permis à Michel Côté de renouer avec son grand copain Rémy Girard. Aussi étrange que cela puisse paraître, leur route ne s'était jamais croisée au grand écran depuis 20 ans exactement, à l'époque du film d'Yves Simoneau, Dans le ventre du dragon. Des retrouvailles marquées d'une larme (une vraie) pour Côté, lors du tournage de la scène où Girard fait son coming out sentimental à son fils (Patrick Drolet).

«On avait une belle gang de gars, une brochette de bons comédiens. On a passé de bons moments tous ensemble, dans le parc des Grands Jardins, dans le coin de Baie-Saint-Paul, à faire du canot et à se faire manger par les bibittes...»

Le sens de l'humour

Michel Côté n'est pas le genre à s'éparpiller dans une myriade de projets. Fidèle à sa promesse de faire un film (ou presque...) par année, il entreprendra fin septembre, début octobre le tournage de Piché, sur la vie du commandant Robert Piché, ce pilote héros qui a sauvé la vie de ses passagers en posant son appareil aux Açores, en août 2001. À la suite du désistement du réalisateur Érik Canuel, pour cause de diminution de budget, c'est Sylvain Archambault qui prendra la relève derrière la caméra.

Et si on regarde plus loin, Michel Côté ne sera pas long à revenir à l'humour. Dans sa lorgnette, une autre comédie, Le sens de l'humour (encore une fois avec Émile Gaudreault), sur les tribulations de deux humoristes aux prises avec un... tueur en série.

Un second face-à-face Côté-Houde en perspective?