Malgré une couverture médiatique énorme et une critique unanimement enthousiaste, Laurence Anyways, de Xavier Dolan, connaît en France une petite sortie estivale qui ne laisse guère d’espoir sur ses chances de succès.

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Le film a pris l’affiche mercredi dans seulement 53 salles, comparativement à 95 pour «Les amours imaginaires» (134 000 entrées). Cela ne manque pas d’étonner compte tenu de l’engouement des médias français pour le jeune «prodige» québécois et de l’intérêt suscité par son troisième long métrage, présenté, comme les deux précédents, au Festival de Cannes, dans la section Un certain regard.

MK2 a coproduit et distribue ce film de 9 millions de dollars, le plus cher et le plus ambitieux du réalisateur québécois. On a du mal à comprendre son choix de le sortir au beau milieu des vacances de juillet, ce qui revient à le condamner à l’échec ou presque.
La rumeur l’explique en évoquant une mésentente entre MK2 et le jeune et intransigeant Dolan, notamment autour de la durée du film (2h40).

Résultat: Laurence Anyways, après la fatidique séance de 14 heures, avait fait 439 entrées dans les 13 salles parisiennes où il a pris l’affiche (pour une moyenne de 33 spectateurs), un démarrage sans éclat.

Pourtant, dans la presse, qui en avait déjà largement parlé lors du Festival de Cannes, le film jouit d’une couverture énorme, inversement proportionnelle à la taille de cette sortie.

Xavier Dolan a ainsi eu droit à une pleine page dans Le Monde, à un portrait dans Le Nouvel Observateur et même au prestigieux portrait présenté chaque jour en quatrième de couverture de Libération.

La critique, de son côté, s’est montrée toujours aussi flatteuse, à l’exception du Figaro qui a démoli cette «bouillie indigeste». «Comme tout cela est balourd, complaisant», a déploré le quotidien, seule fausse note dans à un concert de louanges unanimes.

«La force de Xavier Dolan, c’est qu’il n’a peur de rien», a par exemple lancé le magazine culturel Télérama. «C’est brillant, moderne, bouleversant. D’une insolente beauté», a renchéri Le Nouvel Observateur.

«C’est exacerbé, parfois fastidieux, mais c’est toujours magnifique et interprété avec les tripes. Xavier Dolan est un petit arrogant, donc, mais il sait tenir une caméra et raconter une histoire d’amour. Après tout, on ne lui en demande pas plus», s’est enthousiasmé L’Express.

Les exigeants Cahiers du cinéma y sont allés pour leur part d’un compliment bien appuyé à l’endroit de Dolan et de son «cinéma faussement superficiel».

«Ses films ressemblent à une bouche bavant de rouge à lèvres, d’où jailliraient des vérités cruelles sur l’amour, les sentiments, la difficulté de vivre», a écrit la revue, qui reste une référence même si elle a perdu son influence d’autrefois.

Le premier long métrage de Xavier Dolan, J’ai tué ma mère, avait fait en France 50 000 entrées.