Un film québécois ayant le baseball comme toile de fond est présentement en tournage dans la région de Montréal. Un été sans point ni coup sûr, adapté d'un récit de Marc Robitaille, n'est pas un film de baseball à proprement parler. C'est d'abord une histoire de rapports humains, surtout d'un lien entre un père et son fils.

«L'important, c'est d'avoir une histoire intéressante à raconter en avant-plan, explique le réalisateur Francis Leclerc. Si, en plus, ta toile de fond est une époque intéressante et que le milieu visuel dans lequel tu évolues est intéressant, c'est encore mieux.»

Il se trouve qu'ici, le décor est campé à l'été 1969, alors que les Expos de Montréal font leur arrivée dans le baseball majeur. Le petit Martin rêve de porter un jour leur uniforme, mais le rêve est bien loin, car le garçon de 12 ans n'a même pas les aptitudes pour trouver une place au sein des Aristocrates, l'équipe de la paroisse.

Son père devra prendre les grands moyens pour que son fils puisse pratiquer le sport qu'il aime.

«C'est un film de relations humaines, mais c'est aussi un film d'équipe et de tension, note le cinéaste. Il y a un gros match à la fin qui dure environ le cinquième du film.

«Le baseball est très intéressant à filmer parce qu'il est très physique. Entre les deux minutes d'action pure qu'il peut y avoir au cours d'un match, il y a les regards, les comportements dans l'abri, Roy Dupuis qui coache et qui fait tout un tas de signaux...»

Il est clair que ceux qui ont vécu l'arrivée des Expos, qui ont connu Mack Jones et Rusty Staub au parc Jarry, risquent de faire un voyage nostalgique avec Un été sans point ni coup sûr. Et même pour tous ceux qui ont grandi avec le baseball, le contact risque d'être facile à faire.

«Ça évoque des souvenirs de l'époque où je jouais dans les petites ligues, se rappelle l'acteur Patrice Robitaille, qui interprète le père de Martin. Ça brasse des affaires à l'intérieur de toi: le feeling de faire partie d'une équipe, les années que ça prend à maîtriser les jeux de base...»

Une vue du champ gauche

Le baseball n'éveille plus les passions autant qu'à l'arrivée des Expos, en 1969. Peut-être que, comme le disco ou le brun, il retrouvera un jour la faveur publique. Mais en attendant, un film comme celui-là n'a-t-il pas l'air sorti du champ gauche?

«Tant mieux s'il sort du champ gauche, répond l'auteur Marc Robitaille. Parfois, ce sont des choses que l'on n'attend pas qui nous surprennent. On aurait pu attendre 15 ans pour faire ce film et regarder l'histoire avec un oeil nouveau. Mais je crois qu'il y a eu un effet d'entraînement magique. J'ai écrit cette histoire-là, Francis (Leclerc) a voulu la réaliser, et notre productrice trippe baseball. On a une équipe qui y croit.

«Même le distributeur du film, Patrick Roy, s'est déguisé en arbitre pour certaines scènes!»

Le cinéma ayant cette faculté de remettre des sujets à la mode, Marc Robitaille entretient le rêve qu'Un été sans point ni coup sûr éveille chez les jeunes un intérêt pour le baseball. Il n'a pas à chercher loin pour trouver un bon exemple: Pier-Luc Funk, qui personnifie Martin, est maintenant un converti.

«Si le film est un succès, j'espère que ça va ramener des gens vers le baseball parce que c'est tellement un beau sport, soutient l'acteur âgé de 13 ans. Moi, avant, je n'étais pas un fan. Je n'avais même pas conscience du baseball. Mais depuis que je m'entraîne, j'ai commencé à tripper et à lancer la balle avec mes amis.»

«Au baseball, tout le monde peut contribuer à sa manière, plaide Marc Robitaille, grand romantique du losange. Il convient autant au grand élancé qu'au bien enveloppé, deux formats qui ont moins leur place sur un terrain de soccer.»

Ramener les jeunes vers le baseball, oui. Mais surtout les faire sortir de chez eux.

«On mesure encore mal l'impact des consoles de jeux vidéo, mais c'est sûr que ça fait en sorte que les jeunes ont perdu le chemin vers le terrain de jeu. Bien des enfants n'ont jamais tenu un bâton.

«Le chanteur Paul Simon a déjà dit que le plus grand moment de sa vie, c'est quand il a volé le marbre à l'âge de 10 ans. Je ne sais pas s'il y a plusieurs enfants qui vont se rappeler avec nostalgie, plus tard, d'une belle partie de Mario Bros...»