Ken Scott, scénariste, a 37 ans, et quelques succès à son actif. Entre la série Le plateau et le film Le guide de la petite vengeance, le scénariste a séduit le Québec en ressuscitant ses légendes (Maurice Richard) et explorant ses campagnes (La grande séduction). Et des projets, il en a beaucoup.

C'est pour parler de ruralité que Ken Scott se rendra la semaine prochaine au Festival images et lieux (FIL), à Maniwaki. Porte-parole de l'événement, le scénariste précise que «les organisateurs ont trouvé que les thèmes de La grande séduction et ceux du festival étaient les mêmes.»

La ruralité, Ken Scott serait tenté de dire qu'il n'y connaît que très peu de choses. Certes, il est né dans un «petit village», Dalhousie, au Nouveau-Brunswick. Mais Ken Scott y a peu vécu. À l'âge de 3 ans, la famille déménage à Laval, où le scénariste passe sa jeunesse.

Ken Scott a depuis élu domicile à Montréal. Depuis la terrasse de café où nous le rencontrons, à Outremont, Ken Scott salue les habitués du quartier, parmi lesquels son complice Jean-François Pouliot et le comédien James Hyndman. On fait difficilement moins rural.

«Dans les cours de cinéma, on nous dit toujours qu'il faut écrire sur ce qu'on connaît. C'est probablement une bonne façon de procéder, mais ce n'est pas la mienne. Pour que j'écrive, il faut toujours que ce soit sur quelque chose que j'ai envie de découvrir», raconte Ken Scott.

 

Éclectique

 

Après le plateau Mont-Royal, Maurice Richard et les fins fonds de la province, deux des plus grands succès du cinéma québécois, Ken Scott s'était penché sur les affres du harcèlement psychologique dans Le guide de la petite vengeance, accueilli mollement par le public et la critique l'an dernier. «Je voulais écrire un film jouissif pour le spectateur. Je voulais qu'on ait du plaisir à voir cette vengeance-là», dit-il.

«C'était sûr qu'on aime mieux avoir un succès qu'un échec. Mais le succès, c'est très prenant. Je me suis vraiment demandé, après La grande séduction, comment ce succès peut t'affecter en tant que créateur. J'ai trouvé une réponse en me disant que ma job, c'est d'écrire des histoires dans lesquelles je crois», dit, sereinement, Ken Scott.

Le spectateur Ken Scott aime autant Dîner de con que Babel: il est éclectique, tout comme le scénariste. Ken Scott pourrait passer du cinéma à la télévision. «J'ai grandi sous les sitcoms américains. C'est un format que j'aime beaucoup, dit-il. J'aimerais revenir en télé.»

C'est plutôt pour le grand écran que Ken Scott va oeuvrer prochainement, puisque le scénariste vient de signer l'adaptation pour le grand écran du roman de Karen Levine, Hana's Suitcase, et projette même de réaliser son premier long métrage.

«C'est quelque chose que j'ai toujours rêvé de faire. J'ai l'impression d'avoir beaucoup appris en voyant mes films à différentes étapes. J'ai maintenant envie, moi, d'aller au bout de ce processus. Réalisateur et scénariste, se sont deux choses bien différentes. Le scénariste doit inventer ses propres histoires, le réalisateur doit rallier toute une équipe et défendre ce qui est important», estime Ken Scott.

Aucune nouvelle collaboration n'est a priori en vue avec son complice de La grande séduction et du Guide de la petite vengeance, Jean-François Pouliot. «Quand je l'ai rencontré, cela a été un coup de foudre artistique. Mais on n'a pas une relation d'exclusivité. Je ne voudrais pas que Jean-François se sente obligé de réaliser mon scénario», précise Ken Scott.

Les succès et petites déconvenues ne semblent pas avoir donner la grosse tête à Ken Scott, décidément loquace en entrevue. Il y a peut-être bien une chose qui a changé. L'UQAM, où il avait entamé puis abandonné ses cours de scénarisation, a décidé, il y a deux ans, d'accorder à Ken Scott son dernier crédit manquant. «Maintenant, je suis officiellement scénariste», pouffe-t-il.