Pierre Richard et Sylvie Testud donneront la réplique à Rémy Girard, Louise Portal et Gaston Lepage dans Le bonheur de Pierre, un long métrage réalisé par Robert Ménard (Cruising Bar), a appris La Presse. La première prise du film, doté d'un budget de 7,5 millions, se fera le 8 janvier à Sainte-Rose-du-Nord, dans le Saguenay.

Le scénario, signé Guy Bonnier, raconte l'histoire de Pierre Martin (Pierre Richard), un professeur de physique quantique qui hérite un jour de sa tante une «cabane au Canada», à Sainte-Simone-du-Nord. L'arrivée de Pierre et de sa fille Catherine (Sylvie Testud) sème l'émoi dans le village de 400 âmes, et chez leur maire, Michel Larouche (Rémy Girard) et son épouse Louise (Louise Portal).

«Il va avoir beaucoup de misère parce qu'ils ont enduré La Française pendant 40 ans et qu'ils ne veulent plus en endurer. Avec le maire, ils vont tout faire pour se débarrasser des Français. Mais ils n'arriveront jamais à décourager Pierre Martin, qui croit en la bonté des hommes», raconte le producteur et scénariste Guy Bonnier.

Pour Le bonheur de Pierre, Pierre Richard renoue avec la tradition comique de ses personnages de grands blonds avec des chaussures noires. Approché il y a cinq ans par Guy Bonnier, le comédien français s'est laissé séduire par la proposition, et a demandé au scénariste, aidé par son assistant, de trouver un équilibre entre la comédie et l'émotion.

«Pierre était un personnage plus qu'un acteur. On le connaît pour ses comédies, son personnage distrait et maladroit. C'est ce qui l'a rendu célèbre, mais c'est aussi ce qui l'a empêché de faire ce qu'il voulait», raconte Guy Bonnier.

Depuis quelques années, la cote de popularité de l'acteur n'a cessé de remonter, jusqu'au César d'honneur qui lui a été décerné en 2006. «À partir de ce moment, il a reçu pleins de propositions», affirme Guy Bonnier. Le succès n'a pas détourné Pierre Richard de ce projet, mais l'acteur a posé de nouvelles conditions en terme de scénario, réalisateur et partenaire féminine.

Avec Robert Ménard, l'entente a été immédiate. «L'histoire me plaît, les comédiens me plaisent. C'est très drôle et très émouvant à la fois. C'est un regard amusant, tendre et choquant. Mais ce n'est jamais fait pour dénigrer», explique Robert Ménard, qui a déjà dirigé des comédiens français pour Amoureux fou et Une journée en taxi.

Trouver le personnage féminin a été une autre paire de manches. Catherine était, dans les premières versions du scénario, la femme de Pierre Richard. Plusieurs actrices ont été approchées pour ce rôle (parmi lesquelles Carole Bouquet, Josiane Balasko) mais aucune n'a accepté d'être la femme, à l'écran, d'un homme de 20 ans leur aîné. La dernière comédienne avec laquelle la production a négocié est Claudia Cardinale, sans toutefois parvenir à un accord.

«J'ai exploré l'idée de transformer le rôle, d'en faire sa fille. C'était plus riche, et plus tendre, le regard de Pierre Martin est beaucoup plus proche du personnage», croit Guy Bonnier. Le choix de Sylvie Testud, l'une des stars montantes en France, s'est presque imposé de lui-même. «Ça a été un énorme coup de foudre», dit-il.

Guy Bonnier l'assure: les difficultés liées au casting ont été plus grandes que le montage financier du film, entièrement privé (à l'exception des crédits d'impôt). Trop français pour les institutions publiques auxquelles le projet a été soumis une fois, Le bonheur de Pierre devenait «trop canadien» pour des partenaires français.

«Quand on travaille comme je le fais avec un pied au Québec, un pied en France, ça me fait les couilles dans l'Atlantique», plaisante Guy Bonnier. La patience a finalement récompensé les producteurs québécois Guy Bonnier et Claude Bonin (iStudio Cinéma Télévision), qui ont trouvé, en France, un coproducteur (Chabraque productions) et un distributeur.

«Ce n'est pas un film québécois, c'est un film international. Ce qui en fait la notoriété, ce sont les acteurs. Pierre Richard est un acteur qui a vendu ses films partout dans le monde. Sachant qu'il y avait un potentiel commercial, on s'est inspirés du modèle de financement du modèle indépendant américain», explique Guy Bonnier.