Après les scénaristes, c'est au tour des réalisateurs de descendre dans la rue pour une manifestation de saison. Munis de pancartes et de bonnets du père Noël, les réalisateurs manifestants distribueront gratuitement des DVD de leurs films pour revendiquer une reconnaissance en tant qu'auteur, a appris La Presse.

Charles Binamé (Maurice Richard, Séraphin...), Philippe Falardeau (Congorama), Francis Leclerc (Mémoires affectives), Stéphane Lapointe (La vie secrète des gens heureux) et Marc Cayer (Les francs-tireurs) ont d'ores et déjà répondu présent à l'appel lancé cette semaine par l'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ).

«La reconnaissance de l'auteur, c'est la première démarche d'une reconnaissance de ce qu'est le métier de réalisateur», dit Charles Binamé. Le réalisateur participe à la manifestation car le sujet «est grave et important». «Il faut agir sur la reconnaissance du droit des réalisateurs.»

La loi fédérale canadienne ne nomme pas le réalisateur comme auteur des oeuvres audiovisuelles. Difficile pour le réalisateur de faire valoir ses droits sans cette reconnaissance. Par conséquent, ils touchent leurs cachets, mais ne voient jamais la couleur des revenus engendrés par la diffusion et l'exploitation de leur oeuvre.

Mardi, ils espèrent sensibiliser le public sur la question des droits d'auteur. «Ça s'inscrit à une suite d'actions pour sensibiliser le public à l'importance de ce métier-là, au fait que les réalisateurs sont des créateurs. Il faut mentionner que les réalisateurs n'ont pas de droits d'auteur», explique Lise Lachapelle, vice-présidente de l'ARRQ.

Les réalisateurs souffrent également du manque de reconnaissance lors de la télédiffusion d'un film.

Si le réalisateur n'a pas été en position de négocier ses droits avec son producteur, alors il risque bien, contrairement aux scénaristes et aux acteurs, de ne jamais percevoir de redevance sur une diffusion télé. «Les réalisateurs touchent leur cachet, et c'est tout», résume Charles Binamé.

La question de la reconnaissance du réalisateur comme un auteur n'a rien de nouveau. «On a eu des campagnes de sensibilisation en septembre, dans le contexte des Gémeaux, on a fait des mémoires, on essaie de prendre le problème de toutes les façons possibles», souligne Lise Lachapelle.

Elle n'en demeure pas moins questionnée par des réalisateurs issus de milieux bien différents, comme le reflète le panel de manifestants déjà prévus pour mardi. Fernand Dansereau, Louis Choquette, Sylvie Groulx, Benoît Pilon ou Michel Tardy ont ainsi été interpellés par l'invitation lancée par l'ARRQ: «Venez donner vos oeuvres puisque vous donnez vos droits et ne recevez rien en retour.»

Si le mot d'ordre trahit un ras-le-bol certain chez les réalisateurs, l'opération n'entend froisser personne dans le milieu de l'industrie du cinéma québécois. Les copies de films distribuées ont toutes été achetées au prix coûtant. «Le but n'est pas de nuire au commerce de DVD», précise Lise Lachapelle.

Le cortège de manifestants quittera mardi à 10 h 30 les locaux de l'ARRQ, rue Saint-Denis, pour se diriger vers le métro Berri-UQAM, à côté duquel la distribution de copies de films aura lieu.