«Les 3 p'tits cochons entre par la grande porte en France!», lance le producteur (avec Pierre Gendron, Zoofilms) et distributeur Christian Larouche (Christal), qui n'est pas peu fier de la vente qu'il vient de conclure cette semaine avec le distributeur français TFM.

Le film du réalisateur Patrick Huard va sortir avec éclat en France en 2008, dans au moins 150 salles, avec un budget de lancement de 500 000 à 800 000 euros. Voilà qui se compare avantageusement au lancement des plus beaux succès québécois des dernières années outre-Atlantique comme La grande séduction et C.R.A.Z.Y., sortis respectivement sur 120 et 90 écrans.

Le grand coup a été porté le mois dernier quand Les 3 p'tits cochons a été présenté dans une salle des Champs-Élysées comme film d'ouverture de l'événement Cinéma du Québec à Paris. Dans La Presse du 21 novembre, Christian Larouche affirmait à notre collègue Louis-Bernard Robitaille que la vente allait se faire dans quelques jours. Il lui aura fallu presque un mois pour la finaliser.

Larouche se souvient de «l'euphorie» des distributeurs français pour ce film qu'on leur présentait sans prétention aucune. Pourtant, deux mois avant l'événement parisien, Les 3 p'tits cochons avait été montré à Toronto à deux distributeurs français qui n'étaient pas convaincus de la pertinence de le lancer sur leur «territoire».

«Quand ils l'ont vu à Paris, avec un public - une centaine de Québécois vivant en France et environ 200 Français -, la dynamique a complètement changé, raconte Larouche. Il y en a même un qui l'avait vu à Toronto et qui est revenu en courant me dire qu'il avait mal jugé le film et qu'il le voulait. C'est pour ça qu'on a été tellement surpris; on savait qu'on avait un bon film, mais on ne s'attendait pas à ce qu'une dizaine de distributeurs nous courent après.»

Au plus tard en juillet

Larouche a reçu «six ou sept offres précises» avant d'opter pour celle de TFM, qui a notamment distribué The Departed, Match Point, La Môme (intitulé La vie en rose ici) et Brice de Nice. Puis, reconnaît-il, il s'est montré très pointilleux.

«Dans le contrat, j'ai exigé d'avoir 150 copies et un budget de lancement de 500 000 à 800 000 euros que je dois approuver. Ils m'ont dit qu'on ne mettait pas ça dans un contrat, que personne n'approuve leurs budgets. J'ai insisté. Je ne suis pas seulement un vendeur, la distribution c'est mon métier. J'ai trop vu de films qui devaient sortir, mais pour lesquels le distributeur a fait moins d'efforts parce qu'il avait trop de films à lancer. Comme c'est inscrit dans le contrat, ils n'auront pas le choix.»

Une autre clause du contrat stipule que Les 3 p'tits cochons doit sortir en France au plus tard à la fin juillet 2008. Avant le succès imprévu du visionnement à Paris, Larouche comptait vendre son film au marché du Festival international du film de Berlin, en février prochain. Avec cette vente à la France, il estime donner le ton au marché européen.

«Aux distributeurs français, je disais que c'est un film d'auteur à saveur commerciale qui peut fonctionner, explique-t-il. Aujourd'hui, on dit aux Belges, aux Suisses, aux Italiens, aux Espagnols et aux Allemands que le film va avoir droit à une vraie sortie, que tout le monde y croit et qu'ils devraient embarquer dans cette aventure-là.» Les pourparlers avec les distributeurs belges et suisses progressent et il n'est pas impossible que des ventes soient finalisées en janvier à Paris.

«Je n'ai jamais senti tant d'engouement, surtout de la part de la France, reprend Larouche. Pendant des années, on se demandait pourquoi notre cinéma ne s'exportait pas alors que nos chanteurs le faisaient et que notre télévision commence à y arriver. Le public était prêt, mais ça coûte tellement cher de sortir un film que les professionnels avaient perdu confiance. Ça prend quelques films pour redonner confiance, et on en a eu trois: Les invasions barbares, La grande séduction et C.R.A.Z.Y. Des Français m'ont dit qu'à force de vouloir copier les films américains, ils étaient en train de perdre leur âme et qu'ils trouvaient nos comédies rafraîchissantes, avec leur mélange de culture américaine et européenne.»

Les 3 p'tits cochons ne sera pas sous-titré en entier, probablement à 30 % comme il l'était quand on l'a présenté à Paris en novembre, estime Larouche.