Accueilli par une critique partagée mais pas insensible à son charme, le film L'audition a connu à sa modeste échelle un démarrage relativement encourageant mercredi en France.

Le long métrage de (et avec) Luc Picard a pris l'affiche dans 13 salles à travers le pays, dont deux à Paris. Il s'agit donc d'une toute petite sortie, qui survient avec deux ans et demi de retard sur le Québec.

??Paris, lors de première (et fatidique) séance de 14 h, au cours de laquelle se scelle souvent le sort d'une production, L'audition a attiré 33 spectateurs, soit 16 spectateurs par salle. Pas de quoi sabrer le champagne, mais à cette échelle et dans le créneau très étroit du film d'auteur, c'est «plutôt pas mal», note un spécialiste.

Il reste à voir si cela sera suffisant pour lancer le bouche à oreille dont le film aura besoin pour survivre à sa première semaine d'exploitation. Le quotidien Libération semble y croire un peu, qui pense qu'«un petit effet C.R.A.Z.Y. n'est pas à exclure».

Mais pour que cela se produise, il faudra peut-être que la rumeur soit plus unanime - ou plus enthousiaste - que la critique, qui parle tantôt d'une production «magnifique» (La Croix), tantôt d'un «mélo qui s'embourbe dans les clichés» (Ouest France). Entre les deux, les autres s'entendent à trouver le film «attachant» (Le Figaro), «mais bancal» (Première).

Du côté de ceux qui ont aimé cette «Audition très réussie», selon la formule du journal gratuit Métro, on trouve au premier rang le quotidien La Croix, séduit par le «ton brillant» du premier long métrage de Picard, «l'élégance de son style» et «l'originalité de ses dialogues».

Du côté de ceux qui n'ont pas aimé, il y a d'abord l'influent magazine culturel Les Inrockuptibles, pas du tout convaincu par ce «drame québécois pas très affriolant». «Faute de choix stylistiques, faute de style tout court, le film ne débouche sur rien de décisif», ont tranché Les Inrocks.

Le Monde n'a pas manifesté un enthousiasme excessif non plus. La ficelle du scénario est «un rien discutable» et sa chute «pour bouleversante qu'elle soit, déploie un pathos qui ressemble à du racolage», a écrit le quotidien.

Et puis il y a tous ceux qui ont trouvé des qualités à L'audition, tout en pointant ses défauts et ses lourdeurs. Ça a été le cas de Télérama. Aux yeux de l'hebdomadaire, L'audition possède, en dépit de ses scènes sentimentales «incroyablement naïves», de ses maladresses de montage et de ses ellipses «improbables», un «charme tragi-comique, un petit air de dérision, de mélancolie et de tendresse qui sonne juste».

L'audition raconte l'histoire d'un «runner», un collecteur de dettes qui tente de devenir acteur. Le film a été interdit en France au moins de 16 ans et est présenté en version sous-titrée.