L'air fier comme un paon, l'auteur Michel-Marc Bouchard montre son cellulaire, sur lequel s'affiche l'image d'un jeune homme à vélo, un énorme bouquet de fleurs sur le dos. Il s'agit de Yannick, un personnage de sa pièce Les grandes chaleurs. En levant les yeux, on voit le même garçon qui s'apprête à dévaler la côte du Passage dans le Vieux-Lévis devant les caméras de cinéma. Ça tourne, ces temps-ci, dans la région!

Sur 30 jours de tournage de cette comédie romantique qui devrait arriver sur les écrans en août 2009, une quinzaine auront eu lieu dans les environs. «Ça va être très beau, on a vraiment un bon directeur photo», a commenté hier le dramaturge à propos d'Alexis Durand-Brault, qui collabore avec Sophie Lorain dans ses premières armes au grand écran. Il faut dire que Michel-Marc Bouchard a eu le temps d'observer. En plus d'avoir signé l'adaptation cinématographique de sa pièce, il a jusqu'ici assisté à 10 des 15 jours du tournage et il collabore de près avec la réalisatrice recrue.

L'amour entre Québec et Lévis

Dès le départ, l'auteur dit avoir insisté pour que son histoire d'amour entre Gisèle (Marie-Thérèse Fortin), une femme dans la cinquantaine, et Yannick (François Arnaud), un jeune homme dans la vingtaine, trouve son écho cinématographique à Québec et à Lévis, «parce qu'on y trouve encore des quartiers où l'anonymat n'est pas possible», explique-t-il, mais aussi pour la symbolique du fleuve à traverser. D'ailleurs, une partie du tournage des Grandes chaleurs aura lieu aujourd'hui à bord du traversier.

Marie-Thérèse Fortin admet que son personnage de femme mûre maîtresse d'un homme à peine sorti de l'adolescence n'a rien de bien conventionnel. La comédienne apprécie néanmoins sa richesse. «C'est rare qu'on voit des femmes de cet âge-là au cinéma et que leur rôle n'en est pas un de fonction», a-t-elle confié hier.

Loin d'être un faire-valoir, sa Gisèle est au centre du récit. Travailleuse sociale dont l'univers s'effondre à la mort de son mari, elle se fait courtiser par un jeune cleptomane qu'elle a déjà côtoyé au centre jeunesse. «Elle résiste pour toutes sortes de raisons, mais ce jeune homme si entêté éveille en elle des désirs, des surprises, et elle finit par s'abandonner», décrit l'interprète.

Pour cette adaptation qui laisse une grande place à la féminité, Michel-Marc Bouchard souhaitait la lentille et la sensibilité d'une réalisatrice. Dans sa première direction pour le grand écran, Sophie Lorain (La galère, Un homme mort) ne déçoit ni l'auteur, ni son actrice principale.

«Elle apporte un regard très personnel. Cette histoire, elle veut la raconter avec de l'affection et de la tendresse», juge Marie-Thérèse Fortin, qui apprécie également ses talents pour la direction d'acteurs.

«Ses indications sont claires. (...) Elle doute d'elle comme ça se peut pas, mais elle m'a impressionnée!»

«Des volets complètement distincts»

Le distributeur montréalais Christal films s'est placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers, mais la branche de la compagnie dédiée à la production a toujours le vent dans les voiles, selon le producteur du film Les grandes chaleurs, Christian Larouche.

«Ce sont des volets complètement distincts avec des partenaires différents», a-t-il expliqué au Soleil, ajoutant que la compagnie était en train de régulariser sa situation. «On travaille très fort là-dessus. On a très hâte de régler.»

En plus du film Les grandes chaleurs, coproduit par la boîte de Québec Vélocité, qui dispose d'un budget de 4,2 millions $, Christal films chapeautera en juillet le tournage d'un autre long métrage, Noémie, basé sur l'oeuvre de Gilles Tibo.