Les incitatifs fiscaux mis en place par le gouvernement du Québec ont permis à l'industrie du doublage de doubler son chiffre d'affaires, depuis 10 ans, mais un plateau a été atteint au cours des dernières années, indique une récente étude de la SODEC.

La part des films en version originale anglaise doublés au Québec est passée de 59 pour cent, en 1998, à 76 pour cent en 2006, a déclaré mercredi le président de la Société de développement des entreprises culturelles, Jean Chaput.

Le chiffres d'affaires de ce secteur d'activités était de 18 millions $, en 2006, comparativement à 9 millions $ en 1998, selon la SODEC.

Les données de l'agence provinciale, qui ont fait l'objet de discussions dans le cadre de la commission parlementaire sur le doublage, mercredi, démontrent que cette progression a fortement ralenti au cours des dernières années.

Le taux de progression annuel moyen est passé de 15,3 pour cent, entre 1998 et 2003, à 2,1 pour cent de 2003 à 2006.

Les données de l'agence, établies notamment à partir des demandes de crédits d'impôt des entreprises de doublage, indiquent aussi que les cachets versés aux comédiens faisant du doublage étaient de 5,3 millions $, en 2006, une somme à peu près équivalente aux revenus perçus par les interprètes dans des films québécois.

L'étude de la SODEC visait à dresser un bilan des initiatives du gouvernement en matière de doublage, dont l'instauration, il y a 10 ans, d'un crédit d'impôt de près de 30 pour cent pour le coût des adaptations effectuées au Québec.

M. Chaput n'a pas voulu se prononcer sur la volonté du Parti québécois et de l'Action démocratique d'imposer aux films étrangers le doublage au Québec.

Il a noté qu'au sein même des représentants du secteur, il n'existait pas de consensus sur la voie à adopter pour augmenter le nombre de films doublés au Québec.

«C'est difficile pour nous de savoir s'il y a lieu de faire plus et si oui, quoi», a-t-il dit aux parlementaires.

La commission de la culture a amorcé mercredi une consultation sur le doublage des films ainsi que des séries télé diffusés au Québec.

Le PQ et l'ADQ, qui réclament l'adoption d'une loi pour forcer les studios américains à faire doubler leurs films au Québec, ont obtenu ce mandat d'initiative.

Cette démarche a été entreprise à la suite du dépôt par l'ADQ, en juin 2007, d'un projet de loi à ce sujet.

Mercredi, la ministre Christine St-Pierre a affirmé que les travaux de la commission allaient permettre aux partis de l'opposition de comprendre qu'une loi contraignante n'est pas la solution.

Elle a soutenu que les crédits d'impôt offerts aux producteurs avaient eu des effets positifs depuis leur implantation.

«Ce n'est pas une industrie qui est en perte de vitesse, au contraire, a-t-elle déclaré lors d'un point de presse avant le conseil des ministres. On a des incitatifs, en termes de crédit d'impôt. On fait des démarches auprès des majors américains et je ne pense pas qu'une loi soit nécessaire.»

Outre la SODEC, Roy Heenan, qui a été nommé par la ministre St-Pierre pour représenter le gouvernement auprès des grands studios, a été entendu par la commission mercredi.

M. Heenan a répété, comme il l'a déjà écrit dans un rapport publié en avril, qu'il ne croyait pas aux solutions coercitives. Mais il a affirmé que d'autres incitatifs pourraient être mis en place, notamment en abaissant certains tarifs de la Régie du cinéma pour les DVD de films doublés au Québec.

«Je suis convaincu que c'est la façon d'encourager la production de doublage ici au Québec», a-t-il dit, en ajoutant qu'au cours des cinq premiers mois de 2008, 78 pour cent des films étrangers ont été doublés au Québec, soit le même résultat qu'en 2007.

Le président de la Régie du cinéma, Charles Bélanger, n'a pas été en mesure de chiffrer la proposition de M. Heenan, qui l'avait précédé devant les parlementaires.

M. Bélanger a toutefois reconnu que les mesures fiscales en place actuellement avaient atteint leur seuil de croissance et que sans changement, le nombre de films doublés au Québec n'augmenterait pas.

Pierre Lampron, vice-président aux relations institutionnelles de Quebecor Media, a quant à lui affirmé qu'une législation contraignant les entreprises serait certainement l'objet de contestation devant les tribunaux.

M. Lampron a plutôt insisté sur l'importance d'améliorer l'accès à la formation pour les entreprises du secteur. Il croit aussi que ces dernières devraient être soutenues dans leurs démarches d'offre de service aux producteurs de films étrangers.