Il est passé minuit, sur le bord d'une piscine d'hôtel à Amman. Depuis plus de deux heures maintenant, l'équipe filme Maxim Gaudette et Mélissa Désormeaux-Poulin qui plongent dans l'eau, étonnamment froide. Dès qu'ils sortent du bassin, les acteurs s'emmitouflent dans d'épaisses serviettes. La caméra est sous l'eau, entre les mains d'André Turpin, qui porte une combinaison de plongée.

«Cinq minutes, c'est tout», glisse le producteur Luc Déry, de micro_scope, à Denis Villeneuve. Le temps d'une dernière prise et puis: «O.K., tout le monde, on rentre à la maison!» crie le réalisateur en guise d'ultime «coupez!» Toute l'équipe se met à applaudir. Et la ronde des embrassades est lancée. Le bloc de tournage de 25 jours en Jordanie vient de prendre fin.

«Ça fait des mois et des mois qu'on est là-dedans sans arrêt», constate Kim McGraw, elle aussi productrice, avant d'aller prendre un verre avec l'équipe. Une nouvelle étape est franchie dans la concrétisation du projet Incendies.

Un projet auquel Wajdi Mouawad n'était pas sûr de donner son aval. «Selon lui, c'était impossible de faire un film avec sa pièce, se souvient Denis Villeneuve, qui signe l'adaptation de la pièce pour le cinéma. Mais quand je lui ai fourni une première ébauche, il a accepté qu'on s'essaie pour une première version du scénario, puis il nous a donné carte blanche.»
Au départ, Villeneuve a eu le fantasme de faire un film sans dialogue. «J'aurais aimé ça, explique-t-il, mais il aurait fallu un budget de 100 millions.»

Des années et 6,5 millions plus tard, Incendies devrait apparaître sur nos écrans quelque part au printemps 2010.