Le documentaire Les porteurs d'espoir de Fernand Dansereau prend l'affiche le 2 avril. La première du film a lieu mercredi à Beloeil. Tout près, dans une école de McMasterville, le cinéaste a trouvé un sujet en or: des enfants ont décidé, avec leur prof, de changer le monde, leur monde, en s'attaquant au vandalisme.

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Lors de la sortie de son dernier film de fiction, La brunante, Fernand Dansereau ressentait quelque désespérance au sujet de notre planète. «Je me demandais comment on allait s'en sortir», avoue-t-il en entrevue à La Presse.

Joint par un enseignant, Claude Poudrier - auteur du programme Recherche-action pour la résolution de problèmes communautaires (voir autre texte : L'école des Porteurs d'espoir : le pouvoir de l'optimisme) adapté à l'école québécoise -, le cinéaste y a entrevu des pistes de réponses à ses questionnements sur le sort du monde. Sept écoles autour de Montréal ont d'abord été ciblées comme laboratoire de ce projet particulier. C'est finalement La Farandole de McMasterville, en Montérégie, qui a été sélectionnée.

«Je voulais une école ni expérimentale ni exceptionnelle, dit le cinéaste de 82 ans, mais ordinaire dans le sens d'exemplaire.»

La directrice de l'école, accueillante, et un enseignant de sixième année, allumé, ont séduit le documentariste qui y a filmé pendant 35 jours, de septembre 2008 à juin 2009, pour accoucher de 77 heures de pellicule. Le tout dans le respect des élèves, à l'aide d'une caméra à la hauteur de leurs yeux.

«On n'avait pas l'impression de faire un film, raconte l'enseignant Dominique Leduc. On suivait notre méthode pédagogique.»

Le film était une chose, le projet, une autre, et le professeur avait été clair avec les élèves. Pas question de se la jouer stars de téléréalité.

«Nous en avons parlé longuement. Notre projet, ce n'était pas le film, mais le vandalisme. Au début, on se disait qu'on consacrerait une heure par semaine au projet, mais, peu à peu, j'ai dû intégrer les français et les maths dans ce qu'on faisait.»

«Ce qui est arrivé, c'est fantastique, poursuit-il. Ça fait ressortir les talents de chacun. Ça permet à tous de s'améliorer. Et c'est dans l'esprit de la réforme, souligne-t-il. On aborde l'environnement, la résolution de problèmes et l'action.»

Les enfants ont même appris quelques notions de réalisme politique et sociologique au passage.

«Au début, ils disaient: «On va enlever le vandalisme à McMasterville.» À la fin, c'était: «On va contribuer à diminuer le vandalisme»», constate-t-il.

Esprit critique

Témoin de tout ce processus, Fernand Dansereau gardait ses distances face au sujet.

«On a provoqué l'événement, mais je n'étais pas convaincu de la méthode. On a vécu le suspense avec les enfants. Quand on les sent découragés dans le film, on l'était un peu aussi», dit-il.

Et la caméra aura-t-elle nui au projet? Au contraire, disent les intervenants. Elle aura servi de catalyseur, croit le cinéaste. «Ça nous forçait à plus de rigueur et de responsabilité», ajoute le professeur.

Avec persévérance et esprit de corps, les enfants ont réussi à convaincre commerçants et élus de se joindre à eux. La municipalité a déjà investi 40 000 $ dans l'entreprise, mais les enfants restent la plus belle réussite du projet et du film.

«Ce projet a changé ma perception des enfants. Les plus hypothéqués d'entre eux se révèlent à travers le projet. En 13 ans d'enseignement, c'est la plus belle chose qui me soit arrivée», affirme Dominique Leduc.

Fernand Dansereau est du même avis. Il dit avoir été ébloui par les enfants et par les écoles qu'il a visités au cours de la recherche et de la réalisation du film.

«J'ai vu des gens allumés partout. Il y a un tel écart entre le discours public et ce qui se passe dans les écoles primaires au Québec.»