Le barbu: David Savard

Yves Pelletier a écrit Le baiser du barbu en pensant à David Savard pour le rôle principal. «David avait un petit rôle dans Les aimants et j'avais adoré travailler avec lui, explique l'auteur cinéaste. J'aime sa sensibilité, son humour. Ce fut un gros travail de logistique quand même, car il a fallu préparer l'horaire de tournage longtemps à l'avance, en fonction de la longueur de sa barbe!»

«Je me souviens exactement du moment où Yves m'a parlé de ce projet pour la première fois, indique l'acteur de son côté. C'était le soir de la première d'une pièce que je jouais à La Licorne, Les points tournants. Le cellulaire a sonné dans la loge et c'était Yves. Il m'annonçait qu'il déposait son projet de film aux institutions et que le rôle principal était pour moi. Mon premier réflexe a été de dire: Et Nicole Robert - la productrice - est d'accord? Car enfin, je ne suis pas une vedette de cinéma; je n'ai pas la notoriété de Patrick Huard. Je me disais qu'aux yeux des décideurs, je ne ferais peut-être pas le poids. Mais Yves tenait à moi. Et ça tombe bien, car j'aime beaucoup ce qu'il fait. Un scénario écrit par Yves se lit très facilement, avec une fluidité qu'on ne retrouve pas nécessairement chez les autres. Dès la première lecture du Baiser du barbu, j'étais déjà capable de visualiser ce qu'il allait faire. Ayant pris le parti de m'amuser, je n'ai pas vraiment ressenti de pression au moment du tournage. C'est plutôt maintenant, alors que le film s'apprête à sortir, que je la ressens. Parce que tout nous échappe. Cela dit, j'aime beaucoup le film et je suis heureux du résultat. J'aborde tout ça avec confiance quand même!»

L'allergique: Isabelle Blais

Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis qu'Isabelle Blais fut la vedette des Aimants, le premier long métrage d'Yves Pelletier, même si, à l'époque, l'actrice comptait déjà quelques rôles marquants - et un Jutra (Québec - Montréal) - dans sa besace. Dans Le baiser du barbu, elle est celle qui développe une révulsion irraisonnée envers la nouvelle pilosité faciale de son amoureux. D'aucuns seront tentés d'établir d'emblée des liens avec le rôle qu'elle tenait dans la série C.A. «Il est vrai que ces deux personnages ont des choses en commun, observe l'actrice. Mais je dirais que Vicky, l'amoureuse de Benoît, est beaucoup plus geignarde. Elle n'aime pas du tout voir son petit confort chambardé.»

L'actrice apprécie notamment l'allégorie sur la vie de couple; la crise provoquée par un détail en apparence anodin, la transformation intérieure. «On n'a qu'à regarder tout le phénomène de la chirurgie esthétique pour constater à quel point cet aspect prend de la place!», dit-elle. Isabelle Blais adore le cinéma, même si elle déplore que les restrictions budgétaires forcent les cinéastes à tourner aussi vite qu'en télé. «Mais entre ça, ou ne pas faire le film, le choix reste quand même clair», soutient-elle.

L'agent: Ricardo Trogi

Par définition, le cinéaste Ricardo Trogi n'est pas un acteur. Yves Pelletier tenait quand même à faire appel au réalisateur de 1981 pour donner chair au personnage du frère, ex-hockeyeur, devenu agent d'artiste. «J'étais un maniaque de la Course destination-monde; je n'ai pratiquement pas manqué un épisode en 20 ans, confie Pelletier. J'étais particulièrement «fan» de Ricardo. Je le trouvais drôle et émouvant. C'est dans sa nature. Je savais qu'il serait parfait pour le rôle. Quand je l'ai approché, il m'a dit oui tout de suite parce qu'il croyait qu'il ne s'agissait que d'une participation. Quand il a vu l'importance du rôle, il a reculé. J'ai eu beaucoup à faire pour le convaincre!»

Le réalisateur: Louis-José Houde

«De façon générale, je voulais davantage miser sur les non-dits, sur des choses qui font plus sourire que rire, sur des trucs plus subtils, révèle Yves Pelletier. Le seul personnage qui fait exception, c'est celui qu'interprète Louis-José, un réalisateur que tout le monde a du mal à suivre tellement ça foisonne dans sa tête. Une vraie caricature, tant sur le plan du look que de la façon avec laquelle il s'exprime!»

La productrice: Nicole Robert

La productrice opère en coulisse. Et elle n'est pas un personnage. Les combats que mène Nicole Robert pour faire aboutir ses projets sont bien réels. Comme pour Les aimants, Tout est parfait et tant d'autres films produits par sa société Go Films, la partie n'a pas été facile pour mettre au monde Le baiser du barbu. Nicole Robert affiche toutefois une belle confiance pour le nouveau film d'Yves Pelletier, même si rien ne s'annonce gagné d'avance.

«Je crois que le film pourra tirer son épingle du jeu, avance-t-elle. Dans le calendrier estival, il n'y a pas beaucoup d'alternatives «romantiques». Et les feel good movies sont plutôt rares au Québec. Huit films québécois à l'affiche au cours de l'été, je trouve que ça fait beaucoup, cela dit. Et ça m'inquiète un peu. On travaille tous très fort pour que nos films obtiennent les plus belles carrières possible mais on se bouscule les uns les autres pour les dates de sortie. On espère que notre Barbu aura le temps de trouver son public. Avec un réseau d'environ 45 salles, je crois que nous y parviendrons. Tout dépendra de la réception. Nous n'avons pas de contrôle là-dessus. Voilà pourquoi la sortie d'un film constitue un moment particulièrement fébrile.»

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