Silencieux depuis quelques années, le cinéaste Alain Chartrand travaille à La maison du pêcheur, fiction qui s'attarde aux mois qui ont précédé la crise d'Octobre. Avec, entre autres, Évelyne Brochu, François Arnaud et Luc Picard.

Alors qu'une nouvelle fournée de documentaires, de livres, d'entrevues et d'articles soulignent les 40 ans de la crise d'Octobre, le cinéaste Alain Chartrand planche sur un projet de fiction sur les prémisses de cette crise.

Chronique de la quinzaine de mois qui ont précédé octobre 1970, le film La maison du pêcheur revient sur la fondation de ce restaurant-auberge pour jeunes sans argent que les frères Paul et Jacques Rose, ainsi que Francis Simard, ont ouvert à Percé à l'été 1969.

«En 1969, ces individus se rendent compte que, s'il y a des groupes révolutionnaires à Montréal, il faut aussi aller dans les régions pour changer les règles de la société», explique Chartrand en entrevue.

Le moyen de le faire? Créer des endroits de rassemblement où l'on peut manger, être hébergé et discuter politique. «Ils voulaient ouvrir la Maison du pêcheur en Gaspésie, la Maison du bûcheron dans le Nord, une autre au Lac-Saint-Jean, dit Chartrand. Leur but était de rassembler la jeunesse.»

Mais le beau projet ne se déroule pas comme prévu. À Percé, plusieurs habitants de la ville trouvent que les Rose et cie sont dérangeants. Des matamores tentent d'expulser les organisateurs de la maison avec des boyaux d'incendie. S'en suivent des semaines de confrontations au terme desquelles «Percé devient le symbole de la lutte des jeunes contre l'establishment», lit-on dans le synopsis.

«Entre ces arrivants de la ville et les gens de la campagne, il y a eu un choc des valeurs, dit Chartrand. Dépités, ces jeunes sont retournés à Montréal. Onze mois plus tard, ils ont enlevé Pierre Laporte. À mon avis, il y a eu un problème de communication. Ils n'ont pas su bien communiquer aux gens de Percé ce qu'ils voulaient faire.»

Alain Chartrand ajoute que son casting est terminé. «On y retrouvera Évelyne Brochu et François Arnaud. Je les ai mis ensemble pour les auditions et ils sont tellement bons! Il y aura aussi Raymond Bouchard, qui incarnera le maire de Percé; Luc Picard, un commerçant un peu odieux; et Kevin Parent... un Gaspésien.»

Évidemment, le tournage est tributaire du financement des organismes publics et des fonds privés. Chartrand prévoit réécrire une autre fois le scénario avec Jacques Bérubé et Mario Bolduc, avant de faire ses demandes de financement pour la production. Celle-ci serait confiée à Vic Pelletier, un résidant de Matane spécialisé dans le documentaire.

Le troisième orchestre

Alain Chartrand (Ding et Dong: le film, Scoop IV, Simonne et Chartrand) a aussi deux autres projets de films dans ses cartons, dont une adaptation du roman Le troisième orchestre de Sylvain Lelièvre.

L'histoire est celle de Benoît Blondeau, un adolescent, pianiste talentueux vivant dans une famille modeste et monoparentale de Québec au milieu des années 50. Au collège, il rencontre Hubert, un dandy, gosse de riche dont la mère, Majorie, Américaine à la beauté fulgurante, est une violoncelliste accomplie.

Benoît et Hubert deviennent les meilleurs amis du monde et Benoît tombe follement amoureux de Majorie, tout en étant initié à la sexualité par Sarah, une autre adolescente greffée au groupe.

«C'est un film sur la recherche du père, la découverte de la sexualité, la perte de l'innocence et la passion de la musique», dit Chartrand. C'est aussi une histoire sur la rencontre de plusieurs mondes: la haute-ville et la basse-ville de Québec, la Grande noirceur et la Révolution tranquille, la religion et les profanes...

Le livre est écrit à la première personne. Alain Chartrand compte respecter ce choix en superposant une voix hors champ aux images. Il y aura aussi des modifications, notamment la finale, par rapport à l'écrit, avertit le cinéaste.

L'Amérique d'Abdou

Enfin, il compte réaliser L'Amérique d'Abdou, histoire basée sur un scénario de Mounia Benalil, chercheure universitaire. Le film décrit la rencontre entre François, un jeune formateur québécois en tourisme, et Abdou, guide touristique au Maroc.

François tombe amoureux du jeune homme et parraine sa venue au Québec. Mais Abdou feint cet amour homosexuel uniquement dans le but d'immigrer en Amérique. Au lieu de rejoindre François à Montréal, il se rend à Toronto où il tombe amoureux d'Audrey, jeune femme travaillant dans le monde de la mode. Il se greffe aussi à un groupe de Maghrébins qui constitue en fait un réseau de faussaires.