Michel Côté juge primordial de conserver l’équilibre entre les films d’auteur et les productions grand public au Québec.

Le comédien, ayant tenu en 2010 le rôle titre de la grosse production Piché: Entre ciel et terre sur la vie du commandant Robert Piché, estime qu’il faut occuper un terrain trop souvent accaparé par les Américains.

Avec des recettes estimées à plus de trois millions de dollars au box-office, le long métrage Piché: Entre ciel et terre devrait remporter le titre du film québécois le plus lucratif en 2010. Il n’a donc pas à rougir face aux superproductions américaines qui sont omniprésentes dans les salles de cinéma au Québec.

«Si on abandonne, il ne va y avoir que des blockbusters américains. Le cinéma québécois ne sera plus là, et les gens seront déçus. (...) Ce sont nos impôts qui paient la production de films», a fait valoir Michel Côté à La Presse Canadienne dans une entrevue menée en fin d’année.

Le prolifique acteur juge qu’il est important de soutenir les films d’auteur, mais croit aussi que les grosses productions permettent au cinéma québécois de se maintenir.

Michel Côté estime qu’à peu près le tiers des 25 ou 30 films produits en moyenne au Québec par année sont destinés au grand public, et les deux tiers sont des films d’auteur et des premiers longs métrages.

Celui qui incarnait le père dans Crazy, le film de Jean-Marc Vallée sorti en 2005, juge qu’un tel succès critique et populaire est chose rare.

«Un film comme Crazy, qui est vendu à l’étranger dans 88 pays et qui court les festivals, ça arrive des fois. Ce serait plaisant qu’un film de Bernard Émond soit distribué dans 100 pays et ait un box-office de 7 millions $. Un jour, ça va arriver, mais ce n’est pas évident», a-t-il laissé tomber.

Michel Côté a dit toutefois croire que la ligne est parfois mince entre oeuvre d’auteur et production grand public. «Un film d’auteur qui marche devient un film commercial, avance-t-il. Il ne faut pas se leurrer.»

Il prend la pièce Broue en exemple. «La pièce, qui a commencé supposément «underground» dans un petit théâtre «off off off Sainte-Catherine» est devenue tout à coup une production grand public, avec trois millions de spectateurs. Au départ, c’était trois jeunes comédiens qui décrivent un phénomène de société», a-t-il illustré.

Se faire oublier dans le rôle du commandant Piché


Michel Côté considère avoir le privilège de pouvoir choisir parmi différents projets, mais ajoute qu’il y a un «prix à la notoriété».

Selon lui, le vedettariat fait en sorte qu’il est alors encore plus ardu de se faire oublier derrière le personnage à l’écran.

«J’ai eu peur, a-t-il exprimé à propos de son incarnation du commandant Piché cette année. Si tu es connu, tu dois te faire oublier chaque fois que tu joues un personnage, et quand en plus le personnage que tu incarnes est connu, c’est un double défi.»

Michel Côté se défend d’être trop présent à l’écran, notant qu’il a tourné dans huit films depuis 1994. «Si tu ne tournes pas un film par année, ça veut dire que tu dois prendre ta retraite, faire autre chose, a-t-il fait valoir. J’ai ce privilège-là, j’essaie de ne pas me tromper, de choisir le bon projet. Et j’essaie de faire des trucs variés, des grosses comédies, des personnages complètement différents, des drames.»

Cet été, alors qu’il faisait la promotion de Piché: Entre ciel et terre, Michel Côté se plongeait dans la peau d’un tueur en série, sous la direction d’Émile Gaudreault. Le sens de l’humour, mettant aussi en vedette Louis-José Houde et Benoît Brière, doit prendre l’affiche en juillet 2011.