Pour reprendre un horrible cliché, Pierre-Luc Lafontaine est le genre de personne qui préfère vivre ses rêves que rêver sa vie. Il suffit d'écouter parler durant quelques minutes ce jeune de 19 ans pour comprendre qu'un grand feu intérieur le dévore. Un feu nourri à la création et au désir d'apprendre. Pas demain. Maintenant.

On connaît bien sûr Pierre-Luc Lafontaine pour ce beau rôle d'Hugo, adolescent perturbé qu'il défend dans la série télévisée La galère. Mais en parallèle, le jeune homme plein d'allant compte déjà la réalisation de trois courts métrages sous la casquette. Et a la tête pleine de projets.

«Créer, c'est puissant, dit-il à propos du travail de réalisateur. Il y a quelque chose de très fort dans l'acte d'écrire un scénario.»

Son troisième film, intitulé Lumière dans la nuit, est inscrit en compétition de Prends ça court!, événement annuel où les réalisateurs de courts métrages sont récompensés pour leur travail. Présenté ce soir à la Cinémathèque québécoise dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois, l'événement, qui en est à sa huitième présentation, met en valeur 44 cinéastes de la relève. Outre Lafontaine, ils s'appellent Sarah Fortin, Kun Chang, Félix Dufour-Laperrière, Géraldine Charbonneau, etc. Des jeunes auxquels se greffent quelques noms plus connus (Theodore Ushev, Vincent Biron).

Originaire d'Ottawa, Pierre-Luc Lafontaine a tourné son premier court métrage, Éphémères, à 17 ans. «Le film parlait de rage de vivre de l'adolescence, dit-il. De l'impulsion de colère envers tout et de vivre le moment présent.»

Le choc. Non seulement Lafontaine est-il sorti de cette expérience avec un prix dans la catégorie «fiction» au festival Vidéastes recherchés, mais il a goûté à une pointe de créativité qu'il n'est pas prêt d'oublier. Dès lors, il a fondé une boîte, bien nommée Éphémères Production, et a tourné deux autres courts métrages, La nuit du silence avec Mylène St-Sauveur (Les Parent, Destinées et bientôt le film Sur le rythme) et Lumière dans la nuit, inscrit à Prends ça court!

Pour Lafontaine, le court métrage n'est nullement un passage obligé vers d'autres formes cinématographiques. Il dit consommer beaucoup de courts métrages, estimant que la qualité est là au Québec. Il tourne avec des budgets minimalistes. Il est conscient que son style est instinctif, rêche, voire sale, et il s'en porte très bien. Il en est là dans sa carrière et aime explorer ce côté non fini des choses, sachant qu'il a le temps pour aller voir ailleurs.

S'il estime que le rôle de comédien est «autant orgasmique comme sentiment», il voit dans la réalisation un accomplissement plus intime. «L'acte de réaliser est beaucoup plus personnel que l'acte de jouer. Réaliser vient d'une source beaucoup plus profonde. On se livre, on livre notre vision.»

Les cinéastes de Prends ça court! seront nombreux à se réunir ce soir dès 20 h à la Cinémathèque québécoise pour la remise des 23 prix en argent et services. Les films primés n'y seront pas projetés (les projections ont lieu durant des soirées thématiques organisées au Monument-National et au Cercle à Québec) mais l'événement est gratuit, ouvert au public et... très couru. Soyez-y tôt!

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Demain soir, dans le cadre des Rendez-vous, ne manquez pas l'événement Salut Falardeau au Bistro SAQ de la Cinémathèque québécoise. Au cours de cette soirée qui débute à 20 h 30 aura lieu la lecture publique de La job, un scénario de film de Pierre Falardeau n'ayant pas vu le jour et mis en scène par Luc Picard. Il y aura aussi projection des meilleurs courts métrages envoyés dans le cadre du concours Falardeau, grand parleur, grand faiseur de vues!

Dimanche, au même endroit à compter de 20 h, allez à la rencontre du l'auteur-compositeur-interprète français Alex Beaupain. Connu pour son album 33 tours, il a aussi fait sa marque pour sa collaboration avec le cinéaste Christophe Honoré. Pierre Lapointe participera à cette soirée.

Renseignements: rvcq.com.