Jeune et prolifique cinéaste de 31 ans, Yan Giroux est présent dans quatre projets, deux individuels et deux collectifs, présentés au Rendez-vous du cinéma québécois. Il y signe le documentaire Français - un 14 juillet à Marseille et le court métrage Surveillant, portant sur l'intimidation.

Q: Qu'est-ce qui est à l'origine de votre documentaire?

R: En 2007, j'étais à Marseille le jour de la fête nationale et j'ai ressenti le choc identitaire entre ce qui se passe dans cette ville [NDLR: très métissée] et le reste de la France. J'y suis donc retourné. Nous étions trois cameramans, dont moi, à nous promener dans les quartiers de Marseille ce jour-là, de 5 heures du matin jusqu'à très tard dans la nuit. Tous les gens, Arabes, Noirs, etc. qu'on voit dans le film et rencontrés au hasard de la fête du 14 juillet de 2009 font aussi partie de la France d'aujourd'hui. Je pense qu'il y a une image de la France à renouveler, à redéfinir.

Q: Pourquoi cette utilisation de longs plans-séquences?

R: Il y a deux aspects à cette démarche: la mise en scène du réel et la mise en scène de la fabrication du film. La mise en scène du réel permet de voir les événements d'un autre point de vue que celui, sensationnaliste, des médias. Dans la dernière séquence du film, on voit un bulletin de nouvelles qui rapporte uniquement les incendies perpétrés durant la nuit au terme de la fête, alors que mon film suit tout le déroulement de la journée. Au spectateur de porter un jugement sur ce qu'il voit. Je trouve que de cette façon, notre rapport au réel est davantage dans l'impressionnisme que dans le rationnel. Quant à la fabrication du film, je voulais que le spectateur soit davantage conscient de ce qui se passe. J'ai tout laissé, incluant les mises au foyer et les mouvements de lentille.

Q: Votre court métrage porte sur l'intimidation qu'exerce un groupe de jeunes sur un nouveau surveillant de parc. Que recherchez-vous à travers cette fiction?

R: Un des thèmes que j'explore le plus dans la fiction est la masculinité et le rapport au mâle alpha. Or, au cinéma, le mâle alpha se définit dans le héros alors que dans Surveillant, qui est marqué par une lutte de territoire, c'est tout le contraire. On va à la rencontre de l'antihéros. Vous remarquerez aussi que tant dans la fiction que dans le documentaire, j'utilise la même approche de longs plans-séquences. J'intègre la caméra dans le lieu pour mieux le faire ressortir. Je veux que le spectateur vive ce qu'il voit.

Français - un 14 juillet à Marseille, ce soir 19h30 au Cinéma ONF. Surveillant, samedi 22h dans le cadre du programme de courts métrages «Suggestion du chef» à la Cinémathèque.