En compétition officielle au Festival du film de Berlin, Rebelle en est reparti avec le prix de la meilleure interprétation féminine attribué à Rachel Mwanza et une mention spéciale du jury œcuménique. De quoi combler le réalisateur québécois Kim Nguyen.

Vingt-quatre heures après avoir vu son film remporter un prix et une mention spéciale à la 62e Berlinale, le Québécois Kim Nguyen est comblé.
Comblé par l’accueil réservé à son quatrième long métrage. Et heureux d’avoir vu la comédienne congolaise Rachel Mwanza, 15 ans, recevoir l’Ours d’argent de la meilleure interprétation féminine.


Arrivée quelques jours plus tôt de la République démocratique du Congo (RDC), où Rebelle a été tourné l’été dernier, Rachel Mwanza a reçu son prix des mains du comédien américain Jake Gyllenhaal. Son triomphe a suscité larmes et cris de joie chez les artisans du film. Et pour cause !

Lorsqu’ils l’ont rencontrée à Kinshasa, capitale de la RDC, elle vivait entre la rue et la maison de sa grand-mère qui peinait à s’occuper d’elle.


Pendant un moment, Rachel a vécu sous la protection d’un caïd. Après le tournage de Rebelle, l’équipe québécoise a fait en sorte qu’elle puisse mener une vie plus encadrée. Elle est retournée vivre chez sa grand-mère et apprend maintenant à lire en français.


La jeune femme a accueilli son prix avec un mélange de candeur et de bonheur. « Elle a fait cela avec grâce, dit Kim Nguyen en entrevue téléphonique depuis Berlin. Elle ne savait pas qui était Jake Gyllenhaal. Lorsqu’elle a tenu l’Ours d’argent entre ses mains, elle a dit à ma conjointe : "De toutes les actrices qu’on voit sur cet écran, ils disent que c’est moi la meilleure ?" Plus tard, au repas, une actrice française l’a invitée à discuter du film avec elle. C’était Charlotte Gainsbourg que Rachel ne connaissait pas. »


Drame poétique
Également scénarisé par M. Nguyen, le film porte sur le dur sujet des enfants-soldats. « C’est un sujet que je trouve important parce qu’il témoigne d’une réalité que l’on comprend mal, dit M. Nguyen. Il n’y a pas un seul type d’enfant-soldat. Certains souffrent, mais d’autres ne veulent plus quitter l’armée qu’ils ont intégrée. Ils ont gagné des galons, ils se sentent valorisés et en sécurité. Il y a un caractère incestueux qu’ils ont de la difficulté à décortiquer. »


Rebelle est le quatrième long métrage de Kim Nguyen qui a auparavant signé les œuvres Le marais, Truffe et La cité. « Dans un sens, c’était aussi comme un premier film, dit le réalisateur. J’ai le sentiment qu’à force de réécriture, j’ai trop construit mes premiers films. Pour celui-ci, j’ai cassé le moule. Ce fut très libérateur. »


Des directeurs de festivals et des distributeurs de plusieurs pays ont montré de l’intérêt à l’égard du film. « Nous avons déjà reçu des invitations à ouvrir d’autres festivals. Tout dépendra des distributeurs des pays acheteurs. Ce sont eux qui décident dans quels événements ils veulent présenter le film », enchaîne M. Nguyen.


Au Québec, Rebelle sera en salle fin avril. Produite par Pierre Even et Marie-Claude Poulin de la boîte Item 7 et distribuée par Métropole Films, l’œuvre met aussi en vedette trois comédiens québécois : Alain Bastien, Ralph Prosper et Mizinga Mwinga.


L’Ours d’or a été remis aux Italiens Paolo et Vittorio Taviani pour Caesar Must Die.