C’était soir de première, hier, à la Place des Arts pour la sortie du film Dérapages, troisième documentaire de Paul Arcand. Cette fois, l’animateur s’est penché sur la question des jeunes conducteurs et sur leur rapport à la vitesse et à la consommation d’alcool.

Produit par Cinémaginaire (Denise Robert) et distribué par Alliance, le film a attiré son lot de personnalités sur le tapis rouge. Mylène St-Sauveur, Marie-France Bazzo, Gilbert Rozon, Dominic Arpin, François Legault, Mario Dumont, Dominique Michel, Robert Naylor, Patrick Huard, Anik Jean, Denys Arcand ainsi que les 14 chanteurs et chanteuses de Star Académie ont entre autres assisté à la représentation.

>>> Voyez notre galerie de photos du tapis rouge

>>> Lisez la chronique de Marc Cassivi: «La méthode Arcand»


On y trouvait également plusieurs parents et amis de jeunes victimes d’accidents de la route, où l’alcool ou la vitesse (ou les deux) étaient en cause.

Entourée de plusieurs amis et membres de sa famille, Nadine Leduc, une jeune femme dont la fille, Bianca, 3 ans, a été tuée par un chauffard le 31 octobre 2007 à L’Île-Perrot, assistait à la soirée.

« C’est un bon film, c’est bien fait, a-t-elle dit à La Presse. C’est sûr qu’à certains moments pour moi, les émotions embarquent, mais j’espère que ce film va en faire réfléchir quelques-uns. »

Le documentaire est d’ailleurs on ne peut plus clair sur la question. Tourné sur une période de 18 mois, Dérapages rappelle, à coups d’images de jeunes handicapés, de funérailles et de tôle tordue, que 725 jeunes âgés de 16 à 24 ans sont morts sur les routes du Québec au cours des cinq dernières années. À ce triste bilan s’ajoutent 2623 personnes qui ont subi des blessures graves ou qui ont gardé des séquelles permanentes.

« Je voulais montrer les conséquences des actes commis par les jeunes tout en leur laissant la parole. Je voulais qu’ils parlent », explique Paul Arcand. Avant le tournage, l’animateur s’attendait à ce qu’on accueille son projet comme étant de l’« ado bashing », mais il souhaitait éviter cette situation. Comment ? En laissant l’ensemble des propos aux jeunes, à leurs parents et aux victimes. « Je ne voulais pas d’experts dans le film », indique le réalisateur, qui insiste aussi pour dire que les jeunes ne sont pas les seuls fautifs.

Le président de la Coalition avenir Québec, François Legault, a indiqué que son fils cadet, Victor, connaît deux jeunes femmes victimes d’un accident à Mont-Royal et qu’on voit dans le film. « Elles venaient souvent à la maison. Nous les connaissons bien. Ce qui est arrivé, je crois, a convaincu mes deux fils de ne jamais prendre de risques au volant. »

Vivant à Saint-Hyacinthe, la comédienne Mylène St-Sauveur (Sur le rythme), peut témoigner des dangers de la route. « Je connais cinq jeunes de mon âge qui vivaient dans ma région et qui sont morts sur les routes, dit la jeune femme de 22 ans. Nous demeurons devant un parc où il y a un arrêt au coin de la rue. Mais une personne sur cinq ne le fait pas. Et c’est un parc pour enfants ! »

Plus de 60 salles

Comme dans le cas de ses deux documentaires précédents, Les voleurs d’enfance et Québec sous ordonnance, Paul Arcand a travaillé avec la productrice Denise Robert.
En entrevue, cette dernière a affirmé être convaincue que le film aura un grand impact aux quatre coins du Québec. « Lorsque j’ai approché Paul pour son premier film, il m’avait répondu qu’il ne savait même pas prendre une photo, raconte-t-elle. Je lui ai dit qu’il serait bien entouré et que son travail était de creuser. Cela a donné Les voleurs d’enfance, qui a enregistré 1,8 million au box-office et a été projeté dans 70 salles. »

Pour ce nouveau film, tourné avec un budget d’environ un million de dollars, on prévoit des projections dans plus de 60 salles. Mme Robert prendra la route avec Paul Arcand, plus tard cette semaine, pour rencontrer de jeunes conducteurs et leur montrer le film. « J’ai besoin de savoir ce que les spectateurs en pensent », dit la productrice.

À propos de prendre la route, comment Paul Arcand se sent-il derrière le volant ? « Avant ou après avoir fait le film ? », demande-t-il avec un rire nerveux dans la voix. Puis il ajoute : « Ma femme me dit souvent que je peux rouler à plus de 100 kilomètres à l’heure sur l’autoroute. Tu ne deviens pas paranoïaque, mais disons que tu t’intéresses davantage au comportement des autres automobilistes. »