Camion, quatrième long métrage du Québécois Rafaël Ouellet, a reçu une belle ovation du public tchèque, dimanche, lors de sa présentation en compétition officielle du 47e Festival international du film de Karlovy Vary.

Avant le début de la projection, devant une salle comble de quelque 1100 personnes, en grande majorité des jeunes dans la vingtaine, le réalisateur québécois a invité les spectateurs à venir à la rencontre de son équipe. Le cinéaste en est à sa seconde visite en Bohême de l'Ouest, son film précédent, New Denmark, ayant été présenté ici en 2009.

Carré rouge épinglé au veston, Ouellet a aussi fait rigoler l'assistance en croquant sur scène, avec son appareil photo, les comédiens Julien Poulin et Patrice Dubois, ainsi que le producteur Denis Chouinard.

Voyage dans l'intimité masculine où les silences sonnent parfois plus fort que les mots, Camion suit le rapprochement entre un père camionneur (Julien Poulin), rendu dépressif à la suite d'un accident qui a fait une victime, et ses deux fils revenus dans leur patelin du Nouveau-Brunswick afin de l'aider à traverser l'épreuve.

Au moment où l'hiver sonne à la porte, les trois hommes feront un temps d'arrêt pour apprendre à être une famille et à s'apprivoiser mutuellement.

Dans la foulée de Route 132 et d'À l'origine d'un cri, le film de Ouellet revisite lui aussi, mais d'une façon plus sobre, les relations père-fils. Un film de bonne facture, porté par des acteurs inspirés.

Pas une autobiographie

Camion n'est pas à proprement parler un film autobiographique, même si son auteur s'est inspiré d'un fait véridique survenu dans sa famille. Camionneur pendant 40 ans, le père du cinéaste, originaire de Dégelis, dans le Témiscouata, a déjà été impliqué dans un accident qui avait blesséu ne conductrice. Pendant quelques mois, il avait éprouvé du mal à composer avec la culpabilité, et aussi la crainte d'avoir à affronter la justice américaine, puisque la collision est survenue aux États-Unis.

«À l'origine, ce devait être un petit film où je suivais mon père, pendant tout un automne, avec ma caméra, explique Rafaël Ouellet. Au fil des mois, j'ai commencé à intégrer des éléments de fiction. C'est devenu l'histoire de Germain [Julien Poulin] avec son fils. Puis, plus tard, le deuxième fils est arrivé.»

Après Le cèdre penché, Derrière moi et New Denmark, il s'agit de la première fois que le réalisateur travaille avec des personnages masculins. «Quand j'écris pour des hommes, c'est très proche de moi; pour des femmes, je peux davantage partir dans la fiction.»

Julien Poulin avoue partager des «affinités» avec Germain, ce père qui perd intérêt à tout après le drame. Pour apprendre à conduire un camion, il a aussi pu compter sur les précieux conseils du père du réalisateur, âgé de 65 ans. «Il a été mon coach. Ça m'a beaucoup aidé. Pendant le tournage de certaines scènes, il était couché à côté de moi, dans le fond du camion, et me disait: Ça va aller, ça va aller...»

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La sortie de Camion au Québec est prévue pour le 17 août.

Les frais de déplacement et de séjour du Soleil en République tchèque ont été payés par le Festival international du film de Karlovy Vary.