Lorsque vous commencez à parler septième art avec Ricardo Trogi, il n'est plus arrêtable. Il a mille et un souvenirs de lui découvrant tel ou tel film. Il se souvient en quelle année, avec qui il l'a vu, dans quelle salle de cinéma et - presque - ce qu'il a mangé pendant la projection. Le réalisateur, qui offrira cet été le troisième volet de sa trilogie autobiographique avec 1991, remonte dans le temps pour nous parler des films d'été qui ont marqué sa jeunesse.

Quel est votre film d'été préféré des années 80?

Indiana Jones et le Temple maudit de Steven Spielberg. Le deuxième Indiana Jones est ce qui m'a le plus sorti de ma vie. Nous étions allés le voir à l'Impérial et, en sortant de la salle, j'ai vécu un des plus gros downs de ma vie. J'étais extrêmement déçu de ma vie... Je me disais que mon existence était vraiment plate à comparer à ça!

Votre plus beau souvenir de ciné-parc?

Six Pack de Daniel Petrie. On s'entend que ce qui était l'fun dans un ciné-parc, c'était la bouffe et le fait que tes parents étaient avec toi. Lorsque je suis retourné dans la trentaine, j'ai trouvé ça moins sexy qu'à l'époque. Maintenant, les gens sortent de leur voiture et s'installent sur des chaises. Avant, les autos étaient plus spacieuses et nous restions dans la voiture. Nous étions quatre dans ma famille et nous nous installions tous sur la banquette avant. Je pense que je n'ai vu que des navets au ciné-parc. J'ai vu le très mauvais film Six Pack, avec Kenny Rogers, mais je garde malgré tout un bon souvenir de ma soirée.

Avez-vous un souvenir scolaire lié à un film? Par exemple, un professeur qui vous présente un film en classe?

Le retour du Jedi de Richard Marquand. Je me souviens qu'à l'été 1983, alors que j'étais en secondaire 1, je me suis absenté du dernier cours de la journée en prétextant un rendez-vous chez le dentiste. J'ai pris l'autobus de la ville et je suis allé au cinéma Canadien, à la Place Laurier, pour voir Le retour du Jedi. J'ai fait ça de façon illégale, puisque j'aurais dû être à l'école. Mais c'était la première projection du film et j'étais dans la salle avec une gang de tripeux. On capotait, c'était la fin du monde!

J'en ai un autre! Je me souviens d'avoir vu Le magicien d'Oz, de Victor Fleming et King Vidor, dans le gymnase de l'école L'Étincelle à Québec. Sur un projecteur 16 mm avec le pire son que j'ai jamais entendu. On payait 25 sous, on apportait notre bouffe et on s'assoyait sur notre petite serviette. Ça aussi, tu vis un gros bad trip lorsque le film se termine, parce qu'il est deux heures de l'après-midi et que tu sors dehors, en été, sous le gros soleil. Tu retournes à ta vie... et ta vie versus le pays d'Oz, je vais vous le dire: il y a deux, trois petites différences majeures!

Vous avez réalisé plusieurs comédies (Le mirageQuébec-Montréal, Horloge biologique) et vous semblez particulièrement aimer ce genre comme spectateur. Ça tombe bien, c'est souvent l'été que les comédies sortent au cinéma. Quelle est votre comédie préférée?

La crise de Coline Serreau et La chèvre de Francis Veber. Pour moi, ce sont les deux meilleures comédies. Ce sont mes deux phares. Il y a aussi eu Top secret au début de l'adolescence. J'ai une dizaine de comédies comme ça, qui ne se ressemblent pas, mais qui sont extrêmement importantes dans mon cheminement personnel.

J'aime aussi des films sérieux, comme ceux de Kubrick. Mais on dirait que j'accorde de l'importance aux films que j'aime revoir. C'est possible que j'aie adoré un film, mais je ne veux pas le revoir. La crise, si ça passe à la télé, je suis fait! C'est sûr que je l'écoute jusqu'à la fin. Lorsque tu réussis à faire un film que les gens ont aussi hâte de revoir que si c'était un ami, c'est qu'il y a là quelque chose de magique.

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1991 de Ricardo Trogi sortira en salle le 27 juillet.