Dans Origami, deuxième long métrage de Patrick Demers, d'après un scénario d'André Gulluni et de Claude Lalonde, François Arnaud (The BorgiasLes grandes chaleursJ'ai tué ma mère) incarne un jeune professionnel dont la vie bascule à la suite d'un drame insoutenable. Pour fuir la douleur, il s'enfonce dans le fantasme. Discussion sur les faits alternatifs.

Q: On aborde ici ce vieux fantasme de changer le cours des événements. Êtes-vous d'accord?

Complètement! Pour moi, tout le film porte sur le fait qu'il faut accepter notre impuissance face à la vie qui nous est donnée. Et, en même temps, accepter la responsabilité que nous avons face à des choses sur lesquelles nous avons le contrôle. Le film parle aussi de la force du cerveau humain qui prend toutes sortes de détours pour nous éviter de vivre une douleur trop grande pour être vécue.

Q: C'est le cas avec David qui se construit une réalité parallèle, n'est-ce pas?

R: David a réussi à se construire une réalité dans laquelle les événements qu'il a vécus ne seraient pas arrivés. Ce sont ces événements que l'on voit plutôt que la douleur inconcevable ou invivable à laquelle il aurait été autrement confronté. Le film parle de fuite, de refus d'assumer une responsabilité. Est-ce de la lâcheté? Peut-être. 

Q: Dans quel état d'esprit est David?

R: Il est, malheureusement, toujours un peu à côté d'où il devrait être. Il est un peu en avance ou un peu en retard par rapport à la réalité vécue par les autres personnages autour de lui.

Q: Selon votre point de vue, la mécanique du fantasme est-elle enivrante ou menaçante?

R: Les deux [rires]. C'est sûr que c'est enivrant de penser qu'il est possible de modifier le cours du temps. Mais la seule certitude qu'on a, c'est que le passé est irrémédiable. Lorsqu'on n'arrive plus à s'entendre sur ce que sont les faits, qu'on se contredit soi-même, ça devient un peu paniquant.

Q: David a-t-il été un personnage lourd à porter?

R: Mon travail, c'était d'être perméable à ce qui entoure le personnage. Je devais bâtir un être crédible et le plonger dans la situation que l'on voit à l'écran. L'expérience a été plus difficile d'un point de vue physique. Je ne suis pas du genre à habiter mon personnage sans jamais m'en détacher. Mais ici, en me mettant physiquement dans de telles situations, de 12 à 14 heures par jour, quelque chose persistait au retour à la maison. La tête sait que c'est fini, mais le corps conserve une espèce de traumatisme qui peut influencer le moral.

Q: Quels sont vos projets?

R: Dans un mois, je m'en vais au Nouveau-Mexique tourner la deuxième saison de Midnight, Texas, diffusée sur NBC. Dans cette série inspirée des livres de Charlaine Harris [True Blood], des éléments surnaturels surviennent dans un village paisible. Moi, je suis un médium possédé par des esprits et j'ai plusieurs scènes d'horreur. C'est un bel exercice. Par ailleurs, il y a le film Permission, de Brian Crano, dans lequel j'ai joué, qui est sorti sur iTunes, mais pas en salle au Québec. J'y joue avec Rebecca Hall et Dan Stevens. Ça raconte l'histoire d'un couple qui, avant de se marier, décide d'aller voir ailleurs. Ce qui, au départ, avait des allures de comédie romantique devient plus acide que cute.

Origami prend l'affiche le 27 avril.

Photo fournie par Filmoption international

Normand D'Amour et François Arnaud sont père et fils dans Origami.