Digne d'un conte de fées, la vie de Céline Dion inspire les cinéastes. Deux projets de longs métrages pointent à l'horizon: Valérie Lemercier réalisera en France un film librement inspiré de la vie de la diva de Charlemagne de 5 à 55 ans et Marc-André Lavoie amorcera à l'automne le tournage de Ce n'était qu'un rêve, consacré à l'enfance de Céline. Entrevue avec le réalisateur charmé par cette famille qu'il considère comme un incubateur de talent.

Marc-André Lavoie (Bluff, Hot-Dog) a toujours été fasciné par l'histoire de Céline Dion et de René Angélil. Mais au moment d'amorcer la scénarisation de Ce n'était qu'un rêve aux côtés d'Adrien Bodson et de Jimmy Dion - le neveu de Céline -, le réalisateur a plutôt choisi de se concentrer sur l'enfance de la chanteuse.

«Pendant des mois, on a sorti tout ce qu'on savait sur Céline, tous les événements les plus marquants de sa vie. Et une fois qu'on a identifié ce qui pouvait faire un biopic parfait, on a tout mis à la poubelle! Ça ne sera pas dans le film», lance d'entrée de jeu Marc-André Lavoie, fasciné par la genèse de ce qui deviendra le phénomène Céline Dion.

«On connaît l'implication exceptionnelle de René dans la carrière de Céline. Mais il arrive à 12 ans dans sa vie. On dit que tout se passe entre 0 et 3 ans dans la construction d'enfant. La première agente de Céline, c'était maman Dion! En parlant avec Claudette Dion, je me suis rendu compte que la famille complète avait été un incubateur du talent de Céline», explique le réalisateur, qui a choisi d'exclure tout élément de la vie de Céline après ses 12 ans.

«Ce qui me fascine dans l'objet cinématographique qu'est Céline, c'est qu'il revient toujours à la simplicité totale de "Je veux juste chanter".»

«Sa famille a été son premier public, mais surtout son inspiration. Un incubateur créatif. Elle a une voix extraordinaire, un talent incroyable, une discipline extraordinaire, mais c'est cet environnement heureux dans lequel elle a grandi, de passionnés de musique, qui a fait en sorte qu'elle puisse dire qu'elle serait heureuse si elle pouvait chanter toute sa vie», explique pour sa part le coscénariste et producteur Adrien Bodson.

Travailler en famille

Marc-André Lavoie a été accueilli à bras ouverts par le clan Dion et dit se sentir un peu comme «le 15e enfant de la famille». «Je me sens comme à la maison avec cette famille-là. Quand je m'en vais à Charlemagne pour voir Claudette ou maman Dion, je me sens chez moi», confie-t-il.

Le réalisateur a dû dévoiler un peu plus vite que prévu, en décembre dernier, son intention de porter à l'écran la vie de Céline Dion alors que la cinéaste française Valérie Lemercier venait tout juste d'annoncer son projet de film. «La famille Dion m'a demandé de nous positionner, car elle n'autorisait pas le sien», précise Marc-André Lavoie, qui peut compter sur le soutien de Céline et de toute sa famille dans son entreprise.

«Maman Dion m'a dit: "Fais-le avant que je parte." La rencontre avec Céline au Québec devait durer 20 minutes. Ça a duré presque sept heures! Même Jacques m'a dit qu'il n'avait pas vu sa soeur aussi longtemps depuis son départ de la maison! Ç'a été une séance de création inoubliable.»

L'implication de Jimmy Dion à la scénarisation est également un atout indéniable au sein du trio de scénaristes. «C'est une contribution exceptionnelle, car c'est sa famille, son histoire. Jacques, son père, a composé la musique de Ce n'était qu'un rêve et maman Dion, sa grand-mère, a écrit les paroles le soir entre deux marmites!», précise Adrien Bodson. 

«Grâce à Jimmy, quand on a des questions, on passe directement par Céline. Elle vient au printemps et elle a le goût de travailler un peu avec nous», ajoute Marc-André Lavoie.

Un tournage sur les traces de Céline

«Le projet verra bel et bien le jour. Le tournage débutera même cet automne. Les institutions ne sont pas encore là, mais elles le seront!», assure Marc-André Lavoie, qui a autofinancé la scénarisation de Ce n'était qu'un rêve.

Le réalisateur amorcera ainsi le tournage de son long métrage à Charlemagne, ville natale de Céline Dion. Et malgré la démolition de la maison du clan Dion en 2014, il pourra compter sur des résidences voisines construites à la même époque.

«Il y en a deux qui ressemblent à celle de la famille Dion, dont une très peu rénovée qui correspond pas mal à ce qu'on veut. On compte aussi engager des figurants qui viennent du coin», précise-t-il.

Le plus grand défi de Marc-André Lavoie sera sans aucun doute d'assembler la distribution du film. «Il y aura moins d'enjeux à trouver des enfants pour la Céline de 0 à 3 ans. Mais celle de 8-9 ans, je la cherche encore!», lance le réalisateur, qui promet un long métrage très immersif qui devrait compter sept plans-séquences.

«J'ai un plan-séquence de 14 minutes où maman Dion attend Adhémar. Il fait moins 25 degrés dehors, il revient de bûcher. Elle lui demande où est l'épicerie, mais il n'a pas été payé par le chef de chantier. Le frigidaire est vide, les 14 enfants crient dans le grenier et elle va faire un miracle et les nourrir. C'est universel, ça! Ce dont je suis le plus fier, c'est que je suis en train de faire mon plus grand film d'auteur, loin de ce à quoi le public peut s'attendre d'un film autour de Céline», conclut le réalisateur, emballé.

Photo Olivier Jean, Archives La Presse

Le réalisateur Marc-André Lavoie signera Ce n'était qu'un rêve, film consacré à l'enfance de Céline.