Depuis qu'il a renoué avec le grand écran grâce à Jappeloup, Christian Duguay est l'un des réalisateurs les plus appréciés en France. Le cinéaste québécois y trouve son compte. Et vit actuellement l'une des plus belles périodes de sa carrière.

Christian Duguay à la barre de Belle et Sébastien 2: l'aventure continue? Oui, on parle bien de ce réalisateur québécois qui a d'abord fait sa marque dans le cinéma de genre (Scanners II: The New Order), avant de se frotter à la machine hollywoodienne (The Art of War) pour ensuite aller en Europe afin de mener à bien de prestigieuses séries, souvent à caractère historique.

Quand il a su que les producteurs de Belle et Sébastien, Frédéric Brillon et Clément Miserez, voulaient le rencontrer pour discuter du nouveau volet de leur franchise au cinéma, Christian Duguay a lui-même été surpris.

«Au départ, je leur ai même dit non! rappelle le réalisateur au cours d'un entretien accordé à La Presse plus tôt cette semaine. J'avais trouvé le premier film correct, mais, bon, ce n'est pas vraiment mon genre de cinéma. Ce n'est que lorsque j'ai rencontré les scénaristes, Juliette Sales et Fabien Suarez, que j'ai été séduit. L'histoire était maintenant concentrée sur la relation entre le petit garçon et son père, dont il fait la connaissance. Et ça, ça me parlait beaucoup. Et puis, le tournage avait lieu en été, à la montagne. J'adore la montagne, j'adore les animaux. Je me suis laissé prendre. Et j'ai eu beaucoup de plaisir à faire ce film.»

Le cinéaste, qui était fan de l'émission de télé dans son enfance (au point d'avoir plus tard baptisé son propre fils Sébastien en hommage à cette série), estime aussi que ce long métrage s'inscrit dans un genre peu fréquenté. En ces temps pour le moins troublés, les films familiaux font oeuvre utile.

«En France, le film est sorti au mois de décembre, peu de temps après les attentats de Paris. Je crois que ça faisait du bien aux gens de voir une belle histoire, avec du souffle, de la nature, de beaux sentiments.»

Sorti là-bas pratiquement en même temps que le nouveau volet de Star Wars, Belle et Sébastien 2: l'aventure continue a quand même attiré près de 2 millions de spectateurs français, à un moment où les salles de spectacles et les cinémas ont subi une chute de fréquentation assez dramatique.

Une nouvelle complicité

Même s'il a eu l'occasion de diriger des enfants à plusieurs reprises au cours de sa carrière, notamment à l'époque de la série Les jumelles Dionne, Christian Duguay devait établir rapidement une vraie complicité avec Félix Bossuet. Lors du premier film, sorti il y a deux ans, l'interprète de Sébastien a travaillé sous la direction de Nicolas Vanier.

«C'était quand même un défi, car Félix devait s'adapter à un nouveau metteur en scène. Cela n'était pas évident pour lui. Il fallait d'abord voir s'il allait m'accepter. Or, le contact a été exceptionnel entre nous, d'autant que l'histoire comporte une profondeur supplémentaire. Pour le reste, le défi se posait davantage sur le plan technique - faire beaucoup avec peu - mais ça, c'est de la poutine!»

Tchéky Karyo, qui reprend son rôle de César, avait déjà eu l'occasion de travailler avec Christian Duguay sur le plateau de Jappeloup. Thierry Neuvic, qui se glisse dans la peau du père aventurier, incarne l'un des nouveaux personnages de l'histoire.

Proche de l'émotion

Rencontrés tous deux à Paris récemment, les acteurs vantaient l'un comme l'autre les qualités du réalisateur québécois.

«Tout le monde sait à quel point Christian est un grand technicien, a déclaré Tchéky Karyo. Avec lui, l'acteur se sent tout de suite en osmose avec la caméra. Il est aussi très attentif à l'émotion.»

De son côté, Thierry Neuvic (L'affaire SK1) a apprécié les qualités de leader du cinéaste.

«L'énergie de ce grand capitaine de navire est communicative, dit-il. Christian est aussi très proche de l'émotion. Le thème de la paternité vient forcément chercher des choses en nous tous. L'enfant vous bouscule tellement, et il vous apprend tellement de choses, que vous pouvez devenir un meilleur adulte si vous n'êtes pas trop bête!»

Avec son monde

La réputation de Christian Duguay est maintenant bien établie dans le milieu du cinéma français. Au point où plusieurs projets lui sont proposés. Il a en outre accepté de prendre le relais d'Olivier Dahan, qui a renoncé en raison de divergences artistiques, pour réaliser Un sac de billes, l'adaptation du roman de Joseph Joffo. Le film, dont les têtes d'affiche sont Christian Clavier, Elsa Zylberstein et Patrick Bruel, en est déjà à l'étape de postproduction.

«J'ai accepté cette proposition uniquement à la condition de pouvoir le remanier à ma façon, explique le cinéaste. J'ai écrit le scénario avec Benoît Guichard et là, enfin, je peux dire qu'un long métrage que j'ai écrit et réalisé sortira bientôt.» 

«À mes yeux, Un sac de billes est le film le plus important de ma carrière.»

Cet alignement de succès français lui permettra sans doute de concrétiser enfin un projet qui lui tient à coeur depuis plusieurs années. Rebelle sans frontières porte sur la vie du travailleur humanitaire québécois Marc Vachon.

«On ne peut pas faire ce genre de film à moitié, dit-il. Je crois être maintenant dans une meilleure position pour mettre ce projet sur les rails. D'autant que mes films sont habituellement coproduits au Québec. Cela n'a pas pu se faire pour Belle et Sébastien, mais pour Jappeloup et Un sac de billes, si. J'aime emmener mon monde. Ça fait un beau mélange de cultures!»

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Belle et Sébastien 2: l'aventure continue prendra l'affiche le 19 février.