Ben Foster est un conteur. Du genre à hypnotiser ceux qui l'écoutent. Sa voix est basse. Apaisante. Il pèse les mots. Prend le temps de réfléchir avant de répondre, évitant d'utiliser « la cassette ». Ou donnant l'impression de...

Et puis, il y a son regard. Vert clair et intense. Ce regard glaçant du hors-la-loi psychopathe de 3:10 to Yuma, en acier trempé du Navy SEAL de Lone Survivor, aussi intelligent qu'halluciné de William S. Burroughs dans Kill Your Darlings, calme et calmant de Richard Livesey dans la tempête déchaînée de The Finest Hours. Ce regard qu'il module comme ses mots et qui fait de lui un acteur caméléon capable de se transformer à nu, sans accessoires, perruques et maquillages.

Difficile, donc, de prévoir « quel » Ben Foster accorderait une entrevue à La Presse. Celui qui était au rendez-vous était gentil, précis, engagé. Et ne manquait pas d'humour. Survol de la carrière éclectique d'un « p'tit gars » de Boston.

Il semble que le premier rôle que vous ayez tenu était celui de Charlie Brown dans une production scolaire de You're a Good Man, Charlie Brown...

Ah ! Vous m'avez « googlé » ! C'est vrai et faux à la fois. On peut dire que j'ai fait là mes « débuts officiels », mais j'écrivais déjà des pièces à ce moment-là et je les avais jouées [à 12 ans, il a d'ailleurs remporté un prix international pour une pièce qu'il avait signée, mise en scène et interprétée].

Vous avez toujours voulu être acteur ?

J'ai toujours voulu raconter des histoires. Vous savez, cette part de vous qui, lorsque vous êtes enfant, veut croire et faire croire ? Je ne l'ai jamais perdue. Or, c'est ce que sont les acteurs : des spécialistes du « faire semblant ».

Les auteurs et metteurs en scène aussi. Avez-vous continué à explorer ces champs créatifs ?

Oh oui ! J'attends les commentaires d'un producteur à qui j'ai envoyé un scénario il y a quelques jours et la semaine prochaine [cette semaine], je réalise un clip pour mon amie Emily Wells. Quand vous avez goûté à la création, vous ne pouvez plus vous en passer.

Et qu'est-ce qui vous a attiré dans le scénario, somme toute classique, de The Finest Hours ?

Le ton, qui rappelle celui de films plus anciens : il n'y a pas de cynisme, c'est une histoire simple d'hommes partis en mer pour faire leur travail au risque de leur vie. Il y a quelque chose de positif à montrer que l'on a tous un superhéros en nous, que l'on peut réussir des choses que l'on ne pensait pas être capable de faire.

En juin, dans un tout autre genre, on vous verra dans Warcraft de Duncan Jones. C'est déjà dans la boîte ?

Oui, c'est fini. J'espère que c'est un long métrage qui plaira aux non-initiés ET aux fans du jeu vidéo. Il faut savoir que si, moi, je ne connaissais rien de cet univers, le long métrage a été fait par des gens qui y jouent et le connaissent très bien - Duncan en tête.

Suivra, en octobre, Inferno, l'adaptation par Ron Howard du roman de Dan Brown. Vous y incarnez Bertrand Zobrist... donc, retour pour vous au rôle du méchant !

Méchant, c'est à voir. Je n'ai pas lu le roman parce que Ron voulait faire quelque chose de différent du livre, donc il a changé pas mal de trucs. Mais je suis très emballé par ce projet-là parce qu'on y traite de questions importantes - comme la surpopulation. On a creusé ce sillon-là.

Et ces deux tournages étant terminés, une fois cette ronde d'entrevues terminée, vous êtes en vacances ?

Pas vraiment. En avril, je reprends A Streetcar Named Desire à New York. C'est la production que Gillian Anderson et moi avons déjà présentée là et à Londres.