Révélée au cinéma grâce au Casanova de Lasse Hallström, consacrée ensuite grâce à des rôles marquants dans les séries télé The Tudors et Game of Thrones, l'actrice britannique est aujourd'hui la tête d'affiche d'un film pour la première fois. Dans le thriller d'épouvante The Forest, elle joue même un double rôle. À New York, Natalie Dormer a accordé une interview à La Presse.

The Forest relate le parcours d'une Américaine qui part au Japon à la recherche de sa soeur, mystérieusement disparue. Son voyage l'amène à entrer dans la fameuse forêt Aokigahara, au pied du mont Fuji, connue pour être un endroit où les désespérés se suicident. Le réalisateur Jason Zada utilise ce cadre pour y camper un thriller d'épouvante. Pourquoi ce projet vous attirait-il?

Je n'avais jamais joué dans un film d'horreur auparavant. Les quelques scénarios du genre que j'ai pu lire ne m'ont jamais intéressée. J'ai commencé à lire celui-là et j'ai été conquise. J'y vois un thriller psychologique qui prend racine dans un traumatisme vécu par cette femme. J'aime à penser que le public habituel des films d'horreur aimera ce film en raison des frissons qu'il procure, mais que ceux qui, comme moi, ne sont généralement pas très friands du genre l'apprécieront aussi.

Cela dit, je suis une grande admiratrice des films de qualité, peu importe leur genre. J'ai adoré The Others et The Orphanage. J'ai beaucoup aimé It Follows l'an dernier. Mais je ne fais pas partie de ceux qui vont se précipiter au cinéma dès qu'un nouveau film d'horreur prend l'affiche. En tant que spectatrice, les histoires conçues pour faire peur de cette façon-là ne m'attirent pas d'emblée.

À quoi correspond ce besoin de frissons d'horreur qu'éprouve une partie du public, d'après vous? Les films du genre, quels qu'ils soient, attirent souvent beaucoup de spectateurs lors de leur premier week-end d'exploitation.

À mon sens, cela relève de la psyché humaine. Toutes les civilisations ont de tout temps inventé des histoires avec des monstres pour affronter de façon cathartique les défis qui se posent dans leur société. La culture britannique, notamment, en est très riche.

Mais au-delà de ça, je crois que chaque peuple a sa propre version de ce genre d'histoires. D'une certaine façon, elles servent aussi à expliquer la vie.

J'entendais l'autre jour le cinéaste mexicain Guillermo Del Toro expliquer à quel point ces créatures sont des métaphores qui évoquent notre façon d'aborder différents questionnements sur la condition humaine.

C'était vrai il y a 2000 ans, ça l'était au Moyen Âge et ça l'est encore aujourd'hui. Un bon film d'horreur s'inscrit dans cette tradition. C'est le cas de The Forest.

Pourquoi êtes-vous devenue actrice? Y a-t-il une tradition familiale de cette nature chez vous?

Pas du tout! Je dirais même que je suis un peu le mouton noir de la famille! Je n'ai jamais pu imaginer faire autre chose. Il n'y avait pas de plan B dans mon esprit. C'est vous dire à quel point ce désir était profond et qu'il remonte à loin.

Je crois que cela tient à ma fascination pour la condition humaine. J'ai toujours aimé les histoires, peu importe la manière dont on me les racontait.

À l'âge de 18 ans, j'ai auditionné pour entrer à l'école d'art dramatique. Et j'ai dû prendre mon courage à deux mains pour annoncer à mes parents que je m'en allais là plutôt qu'à l'université. Un peu comme un ado qui fait son coming-out.

Et la réponse de mes parents fut: «On savait ça depuis longtemps, chérie!»

Pour une actrice, y a-t-il un plaisir particulier à jouer dans un film comme The Forest, où les émotions sont très exacerbées?

Tellement! Sombrer dans le déséquilibre est l'une des plus grandes traditions dans l'art dramatique. Tout le théâtre de Shakespeare est basé là-dessus. Dans un film comme The Forest, où tu te roules dans la boue, tu cries à t'en fendre l'âme et tu vis des émotions très brutales, tu ne te soucies pas de ton image du tout. C'est très libérateur. Mais ça peut être épuisant sur le plan physique, d'autant plus que nous tournions la nuit. À part ça, c'est très amusant. Quand tu es une actrice, tu vis pour ces moments-là!

On vous confie maintenant des rôles de premier plan au cinéma. Y a-t-il des cinéastes qui vous font rêver?

Je suis une très grande admiratrice de Denis Villeneuve. J'ai vu - et adoré - Incendies avant même que le reste du monde le découvre. Et là, il va réaliser la suite de Blade Runner! Vous vous rendez compte? Blade Runner! Denis Villeneuve qui reprend là où Ridley Scott, un autre de mes favoris, a laissé. C'est tellement excitant! Prisoners est par ailleurs une grande influence pour In Darkness, un film dont j'ai coécrit le scénario et que réalisera Anthony Byrne. Quand tu penses à un bon thriller contemporain, magnifiquement réalisé, c'est Prisoners qui me vient à l'esprit.

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The Forest (La forêt en version française) est actuellement à l'affiche. Les frais de voyage ont été payés par Universal Canada.

Taylor Kinney et le plaisir de l'évasionVedette de la série télévisée Chicago Fire, très prisé des médias axés sur les vedettes à titre de fiancé de Lady Gaga, Taylor Kinney tient aujourd'hui son premier grand rôle au cinéma. Dans The Forest, il incarne un journaliste américain en poste au Japon, qui décide d'accompagner une compatriote qui tente de retrouver sa soeur disparue.

«J'aime les thrillers, explique-t-il lors d'un entretien accordé à La Presse. J'adore le cinéma. Je vais voir pratiquement tous les films qui prennent l'affiche au gros complexe multisalles qui se trouve au coin de ma rue à Chicago. J'aime m'évader pendant deux heures. Je crois d'ailleurs que ça explique le succès des films d'horreur. On est ailleurs, on est vivant. Comme une envie viscérale de ressentir des émotions fortes, tout en étant conscient que l'environnement dans lequel on se trouve est sûr. Je crois que ce genre de plaisir peut se ressentir en groupe seulement. Les films d'horreur que j'ai vus quand j'étais jeune - Friday the 13th, Halloween et tout ça - ont été marquants pour moi parce que je me souviens de l'expérience vécue à l'époque dans une salle pleine.»

Et comment compose-t-il avec l'attention médiatique dont il fait maintenant l'objet?

«Quand j'étais jeune, j'étais plutôt sportif. J'ai joué au soccer, au football, au volleyball. J'avais le trac avant d'arriver sur le terrain, mais une fois la partie commencée, j'oubliais tout ça. Au bout du compte, tu as une bonne ou une mauvaise partie à ta fiche. Et les spectateurs viennent te voir ensuite pour en parler. Je trouve que maintenant, c'est à peu près la même dynamique, à la différence que les commentaires portent principalement sur une émission de télé!»