Fille de Julien Clerc et de Miou-Miou, Jeanne Herry s'est inspirée de ses souvenirs d'enfance pour concocter un thriller qui n'a quand même rien à voir avec la vie de son père...

Dans la foulée de la sortie d'Elle l'adore, son premier long métrage, une question, toujours la même, est revenue de façon récurrente dans les interviews qu'a accordées la réalisatrice Jeanne Herry. S'est-elle vraiment inspirée de la vie de son père, Julien Clerc, pour imaginer cette histoire à la fois sombre et loufoque? La réponse? Bien sûr que non.

«Mais je comprends très bien qu'on puisse me poser la question, fait-elle remarquer. Il est vrai que Laurent Lafitte, qui joue le chanteur, ressemble physiquement un peu à mon père. Je ne m'en suis vraiment rendu compte qu'à l'étape du montage du film! En revanche, le personnage n'a pas du tout le même comportement ni la même attitude.»

Des souvenirs d'enfance

Cela dit, Jeanne Herry a quand même puisé dans ses souvenirs d'enfance pour imaginer le contexte de l'histoire qu'elle raconte dans Elle l'adore. Petite, elle aimait en outre assister aux répétitions des spectacles. Et regarder aussi les concerts de son père depuis les coulisses. Sa position privilégiée lui a permis d'aiguiser son regard d'observatrice.

«Au cinéma, on représente souvent les groupies comme des hystériques qui sombrent dans la folie, dit-elle. Or, cela ne correspond pas du tout à la réalité. Du moins, pas à celle que je connais. Bien sûr, il peut y avoir des cas exceptionnels, mais la plupart des admirateurs et admiratrices sont habituellement très respectueux de l'artiste qu'ils vénèrent.»

À vrai dire, la réalisatrice s'est plu à inverser les rôles. Elle tenait à souligner la banalité des gens connus et à mettre en valeur l'originalité des gens banals.

Dans Elle l'adore, l'admiratrice (Sandrine Kiberlain) a beau combler son vide existentiel grâce à sa dévotion à son idole, il reste que sa vie n'a finalement rien d'ordinaire.

«Je trouve toujours étrange qu'on traite souvent avec condescendance les gens qui se prennent de passion pour un artiste, déclare la réalisatrice. Un collectionneur de bagnoles, de timbres ou de n'importe quoi aura probablement droit à plus d'égards qu'un admirateur qui tient à obtenir un disque rare de son idole.»